Nous allions enfin pouvoir revivre après deux ans de cette «guerre» contre le virus. Nous nous apprêtions à fêter le printemps sans nos masques pour nous embrasser à nouveau sur les terrasses des cafés ou le dimanche avec nos proches. C’était sans compter sur la guerre, cette fois-ci bien réelle, pas celle qui se pratique avec les blouses blanches, les masques et les gestes barrières mais plutôt avec les gilets pare-balles, les armes automatiques et peut-être la bombe nucléaire en prime. La naïveté, depuis le début des années 90, nous a fait croire que nous étions éloignés et protégés. Que la parole, la diplomatie, les discussions et les compromis régleraient tous les conflits entre états souverains.
A trois heures d’avion de Paris, c’est bien à une guerre que nous assistons, aux portes de l’Europe. Vladimir Poutine a préparé son plan d’annexion de l’Ukraine depuis des années, d’abord la Crimée en 2014 et maintenant le pays entier. Ne supportant pas que ces anciens états aient pris en charge dorénavant leur destiné malgré les accords signés en 1994, Vladimir Poutine cherche des dirigeants en accord avec ses principes, c’est-à-dire sous influence de Moscou, comme en Biélorussie où tout se passe à merveille avec Alexandre Loukachenko qui suit les directives du Kremlin à la lettre.
Et après ? La Géorgie et la Moldavie ? Assiste-t-on à une escalade des annexions sous prétexte que des habitants russophones vivent également dans ces pays qui sont d’anciennes provinces de feu l’URSS ? Ces mêmes arguments qu’Hitler avait mis en avant dans les années 30 pour réarmer d’abord puis annexer l’Autriche ou la Tchécoslovaquie après la conférence de Munich… Un mix similaire entre l’usage de la force et la diplomatie, les points communs entre ces deux dictateurs ne sont pas négligeables avec un pouvoir personnel bien réel, usant de toute la propagande nécessaire. Un nationalisme bien affirmé également, l’un voulait venger l’Allemagne du traité de Versailles en 1919, l’autre venger la Russie de l’humiliation subie après la chute du mur de Berlin…
Même si l’on sait que Vladimir n’est pas Adolf, l’un entend rétablir l’empire russe, l’autre désirait imposer une domination totale sur l’Europe et dans le monde, des similitudes évidentes sont à prendre en compte dans les méthodes. Une redistribution des rapports de force s’enclenche aujourd’hui et savoir ce que l’on veut, comme le président Vladimir Poutine, donne un avantage certain sur ceux, comme nous Européens, qui ne le savent pas réellement.
Une nouvelle période historique s’ouvre à nous et le combat des valeurs de la démocratie qui nous anime doit nous permettre de nous affirmer, de prendre conscience de celles-ci et de leurs intérêts communs face à l’adversité. Il est sûr que nous n’interviendrons pas militairement en Ukraine mais les sanctions ces dernières heures contre la Russie d’une ampleur jamais adoptée auront des conséquences également sur nos économies en provoquant inévitablement un retour de l’inflation et une baisse de la croissance. Le prix à payer en somme…