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Edito de décembre 2019 : Privatiser le vice et le voyage

photo alex pour edito depuis mai 2019En novembre, les Français ont pu tous devenir actionnaires de la Française Des Jeux (FDJ) à concurrence de près de 52% de son capital. L’action a d’ailleurs confirmé son succès lors de sa mise sur le marché le 21 novembre, de 19,90 € au prix d’achat, elle a grimpé à 23 € dès sa première cotation ! L’État empoche au passage 2,1 milliards d’euros, une opération réussie comme le souligne le Ministre des finances, Bruno Lemaire, se félicitant du grand retour de l’actionnariat populaire en bourse. Il faudra cependant encore un peu de temps avant de crier victoire, souvenez-vous de la privatisation d’EDF. Surtout que les nouveaux actionnaires représentent finalement peu les 25 millions de joueurs, des investisseurs moins amoureux des risques que les fanas du loto et autres tickets à gratter. La tentation pour beaucoup d’entre eux sera grande de vite revendre au vu du bon démarrage de la cotation.

 

L’État profite de la bonne santé, peut-être un peu surfaite, du marché français qui pourrait s’affaiblir si les tendances au retournement de l’économie mondiale se confirmaient et touchaient la France. De plus, la concurrence explose en ce moment dans le domaine des jeux en ligne. Mais l’État, bien malin, ne se prive pas des dividendes et choisit d’empocher d’un coup vingt-cinq ans de versement pour les investir ailleurs. La mise en bourse de la FDJ reste un test grandeur nature pour le gouvernement qui livre au Privé un produit aussi dangereux et addictif que le jeu de hasard, tout cela peut paraître moralement discutable.

 

Mais, il semble tout de même plus aisé pour l’État de vendre le vice du jeu plutôt que le voyage au travers de l’Aéroport de Paris (ADP). En effet, quand l’un remporte un succès incontestable, l’autre soulève la colère. Pourtant, dans ces deux cas, l’État se désengage de Services publics bénéficiant d’une concession de monopole. Il semblerait d’ailleurs plus logique de privatiser ADP, ce grand centre commercial constitué de presque 400 boutiques dont beaucoup de luxe et d’hôtellerie, des activités concurrentielles et qui relèvent normalement du Privé et non de la puissance publique. Sachant que l’État reste souverain du contrôle aérien et de la douane, la privatisation d’ADP n’est pas éternelle, il s’agit d’une concession de l’activité commerciale des aéroports pour une durée limitée de 70 ans. Lancé en juin, le Référendum d’initiative partagée, une consultation populaire ouverte jusqu’au 12 mars 2020, a recueilli aujourd’hui un peu moins d’un million de signature sur les 4,7 millions nécessaires à l’organisation d’un référendum sur la question.

 

Cette défiance à la privatisation d’ADP est due sûrement à des choix pris dans le passé en matière de décisions de politiques publiques contestables comme la privatisation des autoroutes qui est remise en cause aujourd’hui. La mise en doute également de l’indépendance de l’État vis-à-vis des lobbies d’entreprises privées puissantes comme Vinci pour l’Aéroport de Paris. Mais surtout, à qui la France est prête à céder sa participation dans le groupe ADP ? Doit-elle vendre à des investisseurs français, européens, étrangers ou sur un seul critère de surenchère économique, vendre à un investisseur américain, indien, chinois ou russe ?

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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