Edito de juin 2020 : Combien de temps encore ?
Quel plaisir de pouvoir à nouveau reprendre la route du bureau sans une attestation à remplir qui justifiait le déplacement dans un premier temps et bien au-delà dans un second temps. Après presque deux mois de confinement et d’intermède obligatoire, toute l’équipe du Petit Vendômois est présente et a pu travailler à ce journal de juin qui annonce l’été, un peu en avance, il faut bien l’avouer ! Bien sûr, comme l’exigent les nouvelles règles, les manifestations ne peuvent pas reprendre jusqu’à nouvel ordre et celles qui étaient à venir ont été quasiment toutes supprimées ou repoussées. Mais pour relater les événements positifs, les élans de générosité ou les gestes de solidarité, notre mensuel peut aujourd’hui raconter ces histoires, pas toutes évidemment car nombreuses elles furent. Ne boudons pas non plus cette liberté retrouvée, cette indépendance qui nous manquait tant lorsque la vague, le tsunami nous obligeait, à juste titre, à rester chez nous, confinés, même si nous avons eu le temps et la joie de pouvoir observer mère nature évoluer, s’épanouir en direct devant nos fenêtres ou dans nos jardins.
La splendeur de ce printemps précoce aux allures d’été se teintait de tristes nouvelles, la maladie et la mort étaient partout, à l’hôpital ou devant nos écrans et, en confinement, la nature se déployait tout entière, des chants d’oiseaux aux fleurs et aux arbres en pleine floraison. La terre ne s’est pas arrêtée de tourner pour autant, la vie continuait à exploser en cette merveilleuse saison. Être sensible au malheur du monde et, malgré tout, être ébloui de couleurs, d’odeurs et de sensations, caresser des pensées futiles, drôles, gourmandes et même sensuelles. C’est nécessaire, vital, bien sûr, quand la douleur et la tristesse rôdent, il faut aimer la vie, peut-être même deux fois plus qu’avant.
Et puis, au bout de deux mois, le déconfinement arrive, doucement. Il m’en vient à rêver du temps où je vais pouvoir enfin serrer tous ceux que j’aime dans mes bras, embrasser ma famille et mes amis, pouvoir nous toucher, nous tenir par l’épaule. Au début, ce geste obligatoire de non-contact, nous adhérions, nous n’en avions plus forcément envie, l’organisation primait et il fallait limiter la propagation. Notre peau ne se souvient déjà plus du contact, les grands parents n’ont pu voir leurs petits-enfants pendant deux mois puis, aujourd’hui, ne peuvent pas les embrasser et ni les câliner. Depuis combien de temps n’ai-je pas serré une main pour dire bonjour tout simplement, on ne se touche plus. Quand il y a libération dans la grande histoire, elle est toujours accompagnée de liesse et d’accolades normalement ! Disons que c’est une question de patience mais combien de temps ? Tels des enfants, nous sommes impatients surtout lorsque les bonnes nouvelles sont données chaque jour. Nous souhaiterions tout immédiatement, étreindre ceux qu’on aime, serrer des mains inconnues sans entrave, sans gel ni gants ou masques, nous voudrions accélérer le temps et trouver vite ce vaccin en somme. Après l’épidémie vient le temps de la famine, on a faim de contact, l’homme est ainsi fait. Combien de temps encore ?