Edito de mai 2020 : Et après le 11 mai ?…
Cette période trouble que nous vivons tous laissera des traces pour sûr. On le sent, on le pressent, « le monde d’après » comme aiment le souligner les chroniqueurs s’obscurcit.
D’abord socialement ces gestes barrières et cette sécurité sanitaire qu’il nous faut absolument respecter, nous poussent à nous éloigner d’au moins un mètre des personnes sans oublier le lavage des mains fréquent et ce fameux kleenex à usage unique. Avec l’illustre masque qui a fait couler beaucoup d’encre et qui va devenir obligatoire en public dès le début du dé-confinement, nous devrons être attentifs au regard de nos interlocuteurs, nous ne verrons plus les mimiques des lèvres qui nous permettaient de rajouter du social à nos paroles. Malgré le tissu devant la bouche et le nez, rien ne nous empêchera de sourire car cette expression se voit dans les yeux, un nouveau mode d’expression en somme est en route.
Economiquement ensuite, le gouvernement nous l’annonce malgré les mesures qu’il a dû prendre en catastrophe. Les entreprises comme les commerces, qu’elles soient petites ou grandes souffrent ou vont souffrir avant de retrouver la vie d’avant le 17 mars, il y a à peine 2 mois, avant l’arrêt complet du pays. Bruno Lemaire a même invité les Français à reprendre massivement le travail, invitant chaque chef d’entreprise à suivre un protocole sanitaire strict parfois irréalisable. Précipitant les enfants à l’école, le gouvernement se repose sur les décisions des maires, leur assurant la responsabilité de cette reprise. Certes beaucoup d’incertitudes dans toutes ces décisions mais l’Etat fait face à une pandémie sans aucune référence même si l’exemple de certains pays aurait pu l’éclairer sur d’autres conclusions. Le temps des explications viendra.
Puis culturellement, tous les spectacles, festivals, concerts, théâtres, … tout est à l’arrêt entraînant des milliers d’emplois, du comédien au machiniste, toutes ces personnes ou ces associations qui œuvrent pour la culture se sentent abandonnées, comme le souligne la lettre du 2 mai dans le quotidien Le Monde signée par un collectif d’artistes. La crainte d’un retour à la normale pour 2021 laissant sur le carreau un grand nombre d’entre eux sans qu’aucune mesure n’ait été prise. Le tourisme, restaurateurs et hôteliers compris, est également très inquiet, cette saison 2020 sera sûrement une épreuve compliquée.
En ces temps, rien ne pourrait donner à sourire, le pessimisme remporte la partie. Les géants du web se gavent, ne payent pas d’impôts, assoient leur hégémonie mais on s’aperçoit bien qu’il ont joué un rôle essentiel dans ces temps de confinement. Ils nous agacent, nous effraient mais on les utilise tous avec un certain plaisir et c’est paradoxal. Chacun a pu s’exprimer grâce à eux, de nouvelles façons de communiquer ont vu le jour et l’art, grâce notamment à des amateurs éclairés, s’est exposé avec création et beauté. La solidarité entre les hommes a joué beaucoup aussi, certains se sont trouvés ou retrouvés en visio, le temps était à la communion. Nous vivions tous et en même temps ces moments violents du « restez chez vous » indispensable au milieu hospitalier qui malgré les coupes budgétaires dont il fut victime a tenu et tient le coup. Cet épisode impitoyable et tortueux restera gravé en nous pour le pire ou le meilleur mais il ne sera pas anodin dans notre vie. Nous pourrons dire que nous y étions, en espérant que « les jours d’après » ne seront plus comme ceux d’avant ne serait-ce qu’en termes d’écologie ou du vivre ensemble.