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Edito de novembre 2018 : La confiance en la machine

Photo Alex Edito

C’est la prochaine révolution de l’automobile, celle qui se fera sans l’humain, celle où l’on se laisserait conduire sans même jeter un coup d’œil à la route, peut être même où le volant aura disparu. On taperait simplement l’adresse de la destination et on se laisserait conduire. Google Car, Tesla Autopilot, BMW Driver Assistance… Tous les constructeurs et les entreprises high-tech s’y intéressent. Son arrivée devrait pour certains être imminente, des prototypes circulent, aux Etats Unis comme en Europe ou en Asie. Cependant, en donnant la conduite de ses véhicules à des logiciels et donc à l’Intelligence Artificielle, des questions d’éthiques sont soulevées, notamment après un premier drame survenu à Phénix aux USA dans lequel une piétonne a été écrasée par un taxi autonome de chez Uber. Qui est responsable ?

 

Selon une enquête publiée dans la revue «Nature» le 24 octobre dernier, menée sur près de 2 millions de personnes à travers le monde, la majorité des personnes sondées s’est montrée favorable à une sorte d’échelle de priorité qui mise en place serait respectée par l’Intelligence Artificielle, il s’agit ici du type de victime. Si les freins lâchaient par exemple, est-ce que les piétons seraient privilégiés par rapport aux passagers du véhicule, lequel continuerait sa route ou filerait sur le bas-côté au risque de blesser ses passagers ? Est il moral de privilégier l’un par rapport à l’autre en donnant la priorité à l’action de la machine ? De plus il n’y a que rarement deux choix possibles et la conséquence n’est pas forcément «blanche ou noire». Et même si la voiture autonome ne prend pas une décision mais dix ou cent par seconde, c’est assez effrayant de la laisser décider seule. Confier sa vie ou celle de son enfant à une voiture autonome est une décision très engageante, une confiance absolue des utilisateurs dans la technologie est nécessaire.

 

Un autre problème surgit également car pour fonctionner de manière efficace, le véhicule sans conducteur a besoin de routes en bon état et bardées de capteurs. Marquages au sol, chaussées bien entretenues, panneaux visibles et connectées… Sans parler des situations particulières comme des zones de travaux ou un croisement complexe. On est bien loin de cette situation idéale en France où aujourd’hui encore un grand nombre d’associations d’automobilistes s’alarment de l’état de certaines chaussées. On peut d’ores et déjà s’interroger sur le risque d’un déploiement à deux vitesses de la mobilité autonome avec les territoires qui pourront investir et ceux qui ne le pourront pas.

 

La voiture autonome implique donc bien d’autres enjeux que ceux des constructeurs. La question des infrastructures, la question éthique qui mettrait là aussi le gouvernement dans un choix qu’il devra défendre et assumer notamment le jour où un enfant sera écrasé, les inquiétudes également en termes de développement durable, l’Etat et les acteurs locaux avec une technologie suffisamment mature doivent se saisir de toutes ces questions du futur de l’autonomie des machines, même si l’on sait que la mobilité d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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