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Edito de Juin 2018 : Canal+ hors-jeu

Photo Alex Edito

A l’heure du prochain Mondial de football qui débutera le 14 juin, c’est un véritable séisme qui secoue le foot sur petit écran en France. Canal+ ressort bredouille de l’appel d’offres du championnat de Ligue 1 pour les saisons 2020-2024. Partenaire historique du football français, la chaîne cryptée revient les mains vides de l’appel d’offre, grillée par Mediapro, groupe audiovisuel important hispanique, inconnu en France et pourtant grand acteur du championnat le plus puissant du monde, la Liga espagnole. Canal+ espère maintenant des accords commerciaux pour une partie des matchs auprès de Mediapro, même si le groupe espagnol indique dans un communiqué ouvrir sa propre chaîne payante en France. Il faut préciser que l’offre de la chaîne française se réduit petit à petit ces dernières années, avec la perte notamment de la Ligue des champions, passée récemment chez SFR. Sur les 4,8 millions d’abonnés, l’estimation haute des fans de foot serait au nombre de 2 millions et donc 800 à 850 millions de revenus en moins pour Canal+ ! Un revers supplémentaire pour Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, propriétaire de Canal+, qui en même temps annonçait la fin d’un autre programme phare de la chaîne : «Les Guignols de l’info».

 

Le plan B, selon les responsables de Canal, se concentrerait sur les séries, le cinéma et le divertissement, plaçant la chaîne en concurrence directe avec des acteurs qui montent en puissance, tel que Netflix. Mais, avec moins de rentrée d’argent en laissant filer la Ligue 1 de football, financer la création de films va devenir complexe et donc, par ricochet, le soutien au cinéma hexagonal. Dans un monde globalisé, le système d’attribution des droits de la Fédération française de football s’ouvre à des opérateurs du monde entier et donc à notre système de création cinématographique.

 

Les plateformes américaines pour la plupart révolutionnent tout sur leur passage, devenant des acteurs surpuissants dans la création, même si cette année, à Cannes, Netflix a été mis en mai au ban du 71e Festival. En France, la riposte des groupes audiovisuels se fait attendre. Le sujet n’est plus de prendre la place de ces mastodontes (plus de 100 000 abonnés supplémentaires par mois pour Netflix depuis le début d’année en France, et 7,4 millions dans le monde) mais de l’empêcher de s’enraciner au risque de voir disparaître les acteurs majeurs hexagonaux, comme Canal+. Même si la plateforme américaine dépense aujourd’hui plus qu’elle ne rapporte, avec un investissement de 8 milliards de dollars pour le contenu pour 125 millions d’abonnés, ce qui pourrait rassurer à terme les groupes audiovisuels français. Un horizon qui s’obscurcit inexorablement avec Amazon sur les rangs et la promesse d’engloutir 1 milliard de dollars dans l’adaptation en série de films comme Le Seigneur des anneaux. Facebook devrait se lancer également et Google avec Red, sa chaîne YouTube, version payante de sa plateforme vidéo. Le septième art français indépendant ne peut que souffrir des difficultés de Canal+, soutien indispensable à la création de film d’auteurs, financement qu’il faudra trouver ailleurs à court terme sous peine d’écran noir.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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