Allumez le feu
Le drame de la mort de Nahel, 17 ans, abattu à bout portant par un motard de la Police à l’occasion d’un refus d’obtempérer aurait pu être évité, certains drames suscitent une émotion, voire une colère, particulière et compréhensible. Le lien entre la loi de Sécurité publique de février 2017 portant sur l’usage des armes à feu par les forces de l’Ordre sur des véhicules en mouvement et le nombre de morts depuis ne fait guère de doute. Ce texte adopté sous la pression des syndicats de Police a rendu confus un texte clair qui conditionne les tirs à « l’absolue nécessité » et à la condition d’une « stricte proportionnalité ». En 2022, chez les gendarmes, l’usage des armes est en baisse, aucun mort à déplorer l’année dernière après un refus d’obtempérer, en dépit d’une multiplication des violences les visant. Y aurait-il une défaillance de la formation des policiers au contraire des gendarmes ? Une pression trop importante ?
Pas question de minimiser les tensions auxquelles sont confrontés les policiers dans un contexte d’agressivité exponentielle, ni de tenter de justifier les violences qui depuis le 27 juin embrasent quasiment la France entière, des préfectures aux sous-préfectures, Vendôme en a subi les conséquences ce week-end ! Nahel, mineur, était au volant d’une voiture. Connu des services de police, le jeune homme n’en était pas à son coup d’essai et avait déjà fait l’objet d’une douzaine d’interpellations pour divers délits. Cela ne mérite pas la mort évidemment et dans son quartier, c’était un jeune sans histoires, apprécié de tous. Mais, ce déchaînement de violences dépasse l’émotion et on pourrait presque croire que sa mort tragique est un prétexte à un profond rejet de l’Etat français dans toutes ses institutions. Certains personnages politiques ne se cachant même pas pour souffler sur les braises.
On sait que la violence est permanente dans les quartiers et à l’occasion de cette tragédie, les émeutiers accélérant le processus de l’agressivité gratuite. Porteur d’aucun projet, on les voit vomir leur haine, brûler des écoles et des mairies, piller des magasins, des actions qui les coupent du reste des Français, une révolte adolescente contre un père absent ou inexistant. La Nation les ignore ou pour certains les méprise, leur rage s’amplifie. Tout est prétexte pour justifier la brutalité et l’alibi du racisme systématique. La furie devient alors improbable quand les excités masqués et encapuchonnés mettent le feu aux voitures de leurs voisins, aux bus de transports publics, s’en prennent à un maire et sa famille ou aux pompiers.
Même si nous sommes tous horrifiés par la mort de ce jeune homme qui a déclenché toute cette agressivité, les images sont là pour témoigner de ce qu’il a subi, mais elles rapportent également la brutalité de ces jeunes, relayée sur les réseaux sociaux, détruisant ou vandalisant ce qui est censé améliorer la vie de chacun. Des deux côtés, on frappe d’abord souvent au hasard et on discute après. Plus cette violence sera tolérée, plus elle deviendra le seul langage possible.