Edito de décembre 2020 : Masque à usage non-médical
Covid-19 oblige, les masques chirurgicaux à usage unique, les bleus qui cachent nos visages, s’accumulent au mieux dans nos poubelles, au pire sur les trottoirs et dans la nature. Chacun désirait un monde meilleur, la pandémie avait suscité des élans de changement à l’heure du «tout jetable» et, finalement, nous nous retrouvons avec un problème qui devient pire que le mal en somme. En conclusion, le mieux pour notre planète restant le masque tissu à usage multiple après un lavage à 60°.
Et voilà qu’en novembre, l’association de consommateurs UFC-Que choisir publie sur son site un rapport où elle indique avoir testé au lavage trois modèles de masque à usage unique achetés en grande surface et en parapharmacie. Le verdict après 10 lavages souligne que leur capacité de filtration demeure supérieure à 98% arrêtant les particules d’un diamètre de 3 microns et plus, soit la norme actuellement en vigueur. Une performance qui va même au-delà de la capacité de la plupart des masques en tissu ! Même si quelques médias ont diffusé cette découverte, cette information est restée, il me semble, très confidentielle, la crise sanitaire nous poussant à acheter ces masques jetables par boîte de 50 après que l’Etat nous a certifié au printemps qu’ils n’étaient pas utiles.
Pourtant, depuis quelques années, avec l’apparition dans le monde de virus respiratoires tels que le SRAS, des chercheurs ont travaillé sur la réutilisation de ces masques. Mais, la réglementation en vigueur en France ne leur a pas permis de mettre en application leurs résultats. Aucune barrière technique pour la réutilisation des masques après lavage, un blocage réglementaire dû essentiellement au statut légal du masque dit chirurgical, considéré comme un dispositif médical à usage unique. Il est évident que dans le milieu médical pour le personnel bien plus exposé que la population générale, à l’hôpital entre autres avec une véritable filière de recyclage, ce masque doit rester unique. En effet, une charge électrostatique sur le masque neuf augmente donc le pouvoir de filtration du masque et celle-ci disparaît au lavage.
Cependant, on pourra noter un paradoxe, celui des masques chirurgicaux pour le grand public qui est à usage non-médical. La direction générale de la santé a même précisé qu’aucun texte réglementaire n’encadre la réutilisation des masques à usage médical pour le grand public, laissant un flou juridique. Prudente, l’association UFC-Que choisir considère également que les conclusions de ces tests ne sont valables que pour les 3 modèles testés, les masques chirurgicaux représentant un marché vaste et changeant. Mais de rajouter que s’ils avaient testé 20 modèles, ils en seraient sûrement au même point.
Cette nouvelle de recyclage permet des économies dans les foyers, ce qui avouons-le n’est pas négligeable en ce moment mais surtout, et c’est là son principal bénéfice, permet de réduire la pollution, alors que la crise sanitaire a entraîné l’augmentation d’autres déchets tels que les gants ou les lingettes désinfectantes. Une annonce une fois de plus qui pose la question ou pire qui ébranle la confiance des citoyens…