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Editorial de Septembre 2017 : Une puce qui gratte un peu

Photo Alex Edito

Alors qu’en France la polémique bat son plein sur la nouvelle loi travail et les contrats aidés revus à la baisse, les Etats Unis, eux, toujours en pointe dans l’innovation, viennent de franchir une nouvelle étape sur la planète cyborg. En août, la société Three Square Market, dans le Wisconsin, a implanté à 50 salariés volontaires une puce électronique sous-cutanée dans la main. La finalité ? Un dispositif à titre expérimental leur permettant d’un simple geste d’ouvrir les portes, d’utiliser la photocopieuse ou de payer la cantine de l’entreprise. Cette puce suédoise, approuvée par l’agence de régularisation américaine, fonctionne avec le principe de l’identification par radiofréquence (RFID), utilisé couramment dans le suivi des livraisons en transit. C’est une grande première aux Etats Unis qu’une entreprise utilise des cobayes pour un test sur ces puces de la taille d’un grain de riz. Aucun dispositif GPS affirme l’entreprise américaine à l’origine de ces logiciels, déjà en service pour les distributeurs de snacks. Et sans atteinte à la vie privée assure-t-elle, espérant en tirer bénéfice en commercialisant ce genre de technologie qui peut être retirée comme une écharde à tout moment et très facilement.

 

Ce n’est plus de la science-fiction, cela devient désormais une réalité. Un début de quelque chose qui peut très vite devenir «la» norme, une sorte d’engrenage. Pour l’instant, les applications de cette puce sont bien anodines et sans grand intérêt. Avancer avec les technologies, c’est certes un progrès indéniable et ce dispositif peut être une avancée énorme pour certains malades, par exemple, même si pour certaines pathologies une simple carte à puce ou un bracelet suffisent. Avec le tout sécuritaire et une envie folle de tout contrôler, le sentiment de danger permanent pourrait très bien nous ficher et justifier cette puce à travers des portiques qui nous tracent au quotidien. Et notre liberté individuelle, qu’en fait-on alors ? Certains y voient un moyen de paiement également, où il suffirait de passer la main sur une machine pour débiter notre compte bancaire. Plus besoin de monnaie non plus, la puce s’en chargerait également.

 

Alors, quel intérêt pour nous, salarié ou consommateur, cette « traçabilité, pour ne pas dire «flicage» ? Contrôler la masse populaire, Georges Orwell l’avait presque matérialisé dans ses romans, l’homme du XXIe siècle l’a fait ! On peut se poser la question, pour qui cela représente t-il un intérêt ? Est-ce que la puce se révèlerait une alliée pour traiter certaines maladies, en analysant par exemple en permanence votre sang ? Une puce greffée dans le cerveau d’un paraplégique aux Etats Unis lui a permis de contrôler par sa seule force mentale un bras robotisé. ça fait rêver ! Inversement, ce dispositif sera-t-il l’instrument de contrôle d’un nouveau totalitarisme? Discutons sur ce que nous souhaitons pour notre avenir avant que nous ne puissions plus faire marche arrière. Notre éthique, nos libertés, sont des valeurs et des droits fondamentaux bien plus importants. Et puis il existe déjà tellement de façons de nous localiser, car notre carte bancaire et notre téléphone portable sont eux aussi détenteurs de puces.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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