Une annonce que le Président de la République, Emmanuel Macron, inscrit dans la politique de réconciliation mémorielle malgré la relation franco-algérienne qui est en crise depuis des mois. Déjà en octobre, il avait reconnu lors d’une commémoration du massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961, les «crimes inexcusables pour la République». Avec cette ouverture prochaine anticipée des archives, la France donne un nouveau signe d’une bonne volonté politique vis-à-vis de l’Algérie et des chercheurs. Si l’histoire de la guerre d’Algérie est en grande partie connue, il reste beaucoup de zones d’ombre comme les disparus. De nombreuses familles ne connaissent pas dans quelles conditions leur proche a été exécuté ou enterré. Ces archives pourraient être alors essentielles. Car si la falsification des faits amène toutes les errances, tous les troubles et donc toutes les haines, la véritable connaissance des événements, même épouvantables ou éprouvants, permettra la réconciliation des mémoires et tracer les perspectives pour l’avenir.
Tous ces documents seront consultables par les chercheurs mais leur exploitation pourrait s’avérer également délicate. Certains des acteurs de l’époque, cités dans les documents sont encore vivants au risque de dévoiler certains éléments qui peuvent poser problème. Et si des délais existent, comme ceux réservés à la seconde Guerre Mondiale, c’est bien pour ces raisons.
Cette demande forte de la part des historiens, français comme algériens, d’aller dans le sens d’une plus grande ouverture des archives, a donc été réalisée, démontrant que du côté des autorités françaises, cela avançait. C’est plus difficile du côté des archives algériennes qui restent à la traîne pour se dévoiler. Pouvoir avancer dans le même sens serait idéal pour les historiens ayant enfin accès à la totalité des documents des deux côtés de la Méditerranée. Mais les archives secrètes de la guerre d’Algérie intéressent surtout ceux qui l’ont faite et ceux qui voudraient la continuer. Il en va donc des secrets du conflit algérien comme des secrets de famille : peu de gens, en vérité, ont le désir de les regarder en face et beaucoup d’acteurs virulents à l’époque voudraient même les oublier.
Alexandre FLEURY