Éditos

Une route sinueuse

L’édito d'Alex

photo alex pour edito depuis mai 2019 1 1 1 Autour des nouvelles routes de la soie, lancées par le président de la République Populaire de Chine, Xi Jinping en 2013, se construit tout un réseau de voies terrestres et maritimes, reliant «L’Empire du milieu» à l’Asie Centrale, l’Europe, l’Afrique et le Pacifique Sud. Les échanges Est-Ouest ne sont pas nouveaux, la route de la soie a existé pendant des siècles jusqu’au XVe s. où elle fut progressivement abandonnée compte-tenu des instabilités géopolitiques et de la période des Grandes Découvertes qui permirent au transport maritime d’être plébiscité. L’objectif affiché par la Chine et par son dirigeant est d’encourager la coopération internationale et la collaboration entre les pays impliqués dans le projet.

La réalité est sûrement bien différente et, selon certains experts, la Chine cherche à soutenir ses exportations de produits et d’équipements et à contrôler les chaînes logistiques. Depuis une petite décennie, à coups de milliards de dollars, la Chine étend son pouvoir économique et politique dans le Monde avec une arme infaillible, sa stratégie agressive et opaque d’aide aux pays pauvres ou en voie de développement jusqu’à la Nouvelle Calédonie que Pékin couve d’un œil intéressé. En Asie centrale, en Europe et en Afrique, le piège se referme pour concrétiser sa suprématie économique et géopolitique : infrastructures portuaires, ferroviaires ou routières, la Chine redessine la carte du Monde pour mieux servir ses intérêts, distribuant des pots-de-vin à des classes politiques facilement corruptibles et accroissant significativement les risques de dévissage économiques de ces pays. Des chantiers colossaux exécutés par des entreprises chinoises avec de l’argent chinois, créant ainsi des marchés pour ses entreprises de travaux publics.

Seul pays au Monde à pouvoir investir des sommes colossales, la Chine bouscule l’ordre établi et impose ses lois. Tous ces pays ont eu accès au développement grâce aux milliards de dollars versés, ces aides qui profitent pour beaucoup à l’économie réelle dans de nouvelles infrastructures. Dans le même temps, l’Occident réduit ses interventions et surtout, les conditionne à une bonne gouvernance et réclame des comptes là où la République Populaire de Chine ne s’en inquiète pas, reproduisant pour certains les pires travers de l’aide au développement pratiqués par les puissances occidentales dans les années post coloniales, ne se souciant pas de l’endettement des États.

La Commission Européenne, ce 1er décembre, a présenté son plan d’aide au développement, sorte de riposte tardive à la nouvelle route de la soie de Chine. Un plan visant à mobiliser sur six ans 300 milliards d’euros de fonds publics et privés pour financer des projets d’infrastructure dans le reste du Monde. L’Europe aspire ainsi à concurrencer le projet chinois et offrir une alternative aux pays en voie de développement pour des projets qui soient mis en œuvre avec un haut niveau de transparence, de bonne gouvernance et de qualité, selon Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

Même si l’Europe essaye de combler et rattraper son retard, de toute évidence, il est, hélas aujourd’hui plus facile d’avoir une vision stratégique à long terme avec un pouvoir autoritaire et stable qu’avec une démocratie et des dirigeants qui ne pensent, pour beaucoup, qu’à leur réélection.

Alexandre FLEURY

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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