La réalité est sûrement bien différente et, selon certains experts, la Chine cherche à soutenir ses exportations de produits et d’équipements et à contrôler les chaînes logistiques. Depuis une petite décennie, à coups de milliards de dollars, la Chine étend son pouvoir économique et politique dans le Monde avec une arme infaillible, sa stratégie agressive et opaque d’aide aux pays pauvres ou en voie de développement jusqu’à la Nouvelle Calédonie que Pékin couve d’un œil intéressé. En Asie centrale, en Europe et en Afrique, le piège se referme pour concrétiser sa suprématie économique et géopolitique : infrastructures portuaires, ferroviaires ou routières, la Chine redessine la carte du Monde pour mieux servir ses intérêts, distribuant des pots-de-vin à des classes politiques facilement corruptibles et accroissant significativement les risques de dévissage économiques de ces pays. Des chantiers colossaux exécutés par des entreprises chinoises avec de l’argent chinois, créant ainsi des marchés pour ses entreprises de travaux publics.
Seul pays au Monde à pouvoir investir des sommes colossales, la Chine bouscule l’ordre établi et impose ses lois. Tous ces pays ont eu accès au développement grâce aux milliards de dollars versés, ces aides qui profitent pour beaucoup à l’économie réelle dans de nouvelles infrastructures. Dans le même temps, l’Occident réduit ses interventions et surtout, les conditionne à une bonne gouvernance et réclame des comptes là où la République Populaire de Chine ne s’en inquiète pas, reproduisant pour certains les pires travers de l’aide au développement pratiqués par les puissances occidentales dans les années post coloniales, ne se souciant pas de l’endettement des États.
La Commission Européenne, ce 1er décembre, a présenté son plan d’aide au développement, sorte de riposte tardive à la nouvelle route de la soie de Chine. Un plan visant à mobiliser sur six ans 300 milliards d’euros de fonds publics et privés pour financer des projets d’infrastructure dans le reste du Monde. L’Europe aspire ainsi à concurrencer le projet chinois et offrir une alternative aux pays en voie de développement pour des projets qui soient mis en œuvre avec un haut niveau de transparence, de bonne gouvernance et de qualité, selon Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
Même si l’Europe essaye de combler et rattraper son retard, de toute évidence, il est, hélas aujourd’hui plus facile d’avoir une vision stratégique à long terme avec un pouvoir autoritaire et stable qu’avec une démocratie et des dirigeants qui ne pensent, pour beaucoup, qu’à leur réélection.
Alexandre FLEURY