Éditos

Les océans comme terrain de jeu

En novembre, j’attendais, avec impatience, le départ de la 10ᵉ édition du Vendée Globe, la formidable course autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance, qui se dispute tous les quatre ans. Cette épreuve est une spécificité française, considérée par certains comme une folie, comme les Anglais ou les Australiens qui prennent les navigateurs en solitaire pour des inconscients qui ne respectent pas la sécurité. Ces détracteurs pensent également que ces courses en individuel enfreignent une règle internationale en bateau, que «tout navire doit, en permanence, assurer une veille visuelle et auditive» pour éviter les collisions entre navires ou d’abordage sur les côtes. Les exploits d’Ellen McArthur, après son record de tour du monde à la voile en solitaire en 2005, ont tout de même changé le regard des Anglais ces dernières années sur ces compétitions uniques.

En quelques chiffres, juste pour se rendre compte du défi humain et sportif, le Vendée Globe c’est près de 45 000 km (24 000 miles) qui passent par les mers du sud en plein été austral, et les trois caps (Bonne Espérance, Leuwin et Horn) pour les quarante bateaux au départ et au retour des Sables d’Olonne. Une course qui s’effectue, selon les conditions météorologiques, en un peu moins de trois mois (record à battre du français Armel Le Cléac’h en 74 jours, 3h et 45 minutes lors de l’édition 2016) sur un bateau monocoque réglementaire de 18,28m (60 pieds) avec 4,5m de tirant d’eau pour des pointes de vitesse pouvant atteindre 40 nœuds (74 km/h).

Une aventure hors norme, extraordinaire dans tous les sens du terme, un exploit de longue distance qui me transcende à chaque édition lorsque je les vois tous sur la ligne de départ. On les imagine alors, une fois arrivés en pleine mer, sur les flots déchaînés, seuls sur leurs coquilles de noix. Je reste admiratif de leur courage à affronter en solitaire ce défi, véritable morceau de bravoure au milieu des océans traversés et des dangers qui, à chaque instant, les guettent avec des conditions météorologiques extrêmes. Une compétition où l’humain se mesure à l’océan et qui nécessite un mental d’acier, une préparation physique rigoureuse et une maîtrise technique indéniable. Chaque solitaire doit se mesurer seul, aux vagues, à la houle, au vent et aux glaces des icebergs rencontrés sur la route avec des temps de sommeil très courts.

Sur les 200 concurrents qui ont pris le départ au fil des neuf éditions, seuls 114 ont réussi à franchir la ligne d’arrivée avec des histoires de sauvetages invraisemblables en pleine mer ou la disparition tragique dans le Pacifique de Gerry Roufs en janvier 1997. Comme le soulignait Yannick Bestaven qui avait abandonné le Vendée Globe les premiers jours en 2008 mais qui l’a gagné lors de la dernière édition, «la première victoire, c’est déjà de terminer le Vendée Globe. Tous les marins qui vont passer la ligne d’arrivée l’auront gagné quelque part». Une course incroyable où la passion et la persévérance sont primordiales renforçant la sagesse face aux éléments et à la nature.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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