L’oxymore iranien
L’oxymore est cette figure de style qui consiste à allier deux mots de sens contraire et qui pourrait très bien convenir à cette information parvenue en décembre. L’ONU retire la République Islamique d’Iran de la Commission dédiée à la promotion de l’égalité des sexes. Mais comment ce pays qui traite les femmes comme des citoyennes de deuxième classe a pu siéger au plus haut organe de l’ONU pour les droits des femmes ? C’est assez surréaliste en somme pour un pays où la persécution est flagrante et systématique. À l’image des milliers de manifestantes et manifestants qui descendent encore aujourd’hui au risque de se faire tuer dans les rues du pays tout entier après la mort de Mahsa Amini le 16 septembre dernier à l’issue de sa garde à vue pour son voile jugé « mal porté ».
Pour l’ensemble des femmes dans le monde, cette nomination en avril 2021 était un gigantesque geste de mépris. Fondée en 1946, la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW) réunit 45 membres. Comment ce pays islamique avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite qui en termes de respect du droit des femmes s’apparente au néant pouvait siéger au CSW ? Malgré un vote secret à l’époque, on sait qu’au moins quatre des 15 démocraties de l’Union Européenne et du groupe occidental membre du Conseil économique et social des Nations Unies ont voté son adhésion. Peut-on imaginer et vraiment espérer que ces pays, placés en position de responsabilité dans cette commission, vont tenter d’améliorer la situation des femmes ? L’incompréhension de ce vote domine quand on connaît la discrimination permanente de l’Iran à l’égard des femmes et des filles, à l’image de l’Afghanistan et de son interdiction de l’école aux jeunes filles.
Ce succès du vote à l’ONU pour écarter l’Iran de la CSW trouve sa source dans une initiative lancée début novembre par Kamala Harris, vice-présidente américaine. La diplomatie iranienne a bien sûr accusé Washington de les évincer de cette commission. Mais auraient-ils oublié que les Iraniennes ont un statut minoré dans tout ce qui concerne le mariage, le divorce, l’héritage, l’éducation des enfants ? On peut rajouter à cette liste non exhaustive évidemment l’obligation du hijab, l’interdiction de vie personnelle, l’accès à l’emploi, les mariages précoces, le viol conjugal non réprimé, …
Ce mercredi 14 décembre, 29 pays sur les 45 ont appuyé la sortie de Téhéran de Commission des droits des femmes pour le reste de son mandat qui courait jusqu’en 2026. On notera que 18 pays se sont quand même abstenus dans le doute et huit dont la Russie, la Chine et la Syrie ont voté contre.