Éditos

Made in France

L’industrie est à nouveau au devant de la scène et l’on pourrait dire que c’est un peu grâce à la Covid-19. En pointant du doigt les méfaits de la mondialisation, la pandémie, à la faveur de l’élection présidentielle dans un an, remet le made in France à la mode. La pénurie de masques et de respirateurs ainsi que de certains médicaments met en évidence notre dépendance, nationale autant qu’européenne. Après ces dernières années où l’hyper-mondialisation fut la norme, la France est confrontée au défi de la ré-industrialisation avec un déclin industriel du pays qui a marqué ces trente dernières années.

 

Même si la fabrication n’est qu’un maillon de la chaîne qui part de la recherche à la commercialisation, elle reste créatrice d’emplois. La crise que nous traversons due à la Covid a réactivé l’idée de souveraineté industrielle et même si les produits se vendaient plus cher, les Français plébiscitent le made in France. La mondialisation ne serait donc plus une chance mais un appauvrissement. Cette vague de nationalisme viendrait s’échouer sur le mur des contraintes économiques qui freinent depuis tant d’années la ré-industrialisation.

 

La pandémie a joué un effet d’aubaine car le gouvernement a choisi de consacrer plus d’un tiers de son plan de relance de 100 milliards à l’industrie avec un volet spécifique consacré aux relocalisations alors qu’Emmanuel Macron, en 2014, à l’époque ministre de l’économie et de l’industrie de François Hollande, avait vendu la filière énergie d’Alstom à General Electric. La France est, parmi les grands pays industrialisés, celui qui a subi la plus forte désindustrialisation durant les dernières décennies et aurait perdu près d’un million d’emplois industriels entre 2000 et 2016. Tous les gouvernements, de droite comme de gauche, ont mené la même politique depuis 30 ans.

 

En octobre dernier, une étude réalisée démontrait que 60% des Français étaient plus favorables au protectionnisme qu’au libre-échange. Comme l’estimait Thomas Piketty, économiste, il est impossible de continuer à commercer avec la Chine ou des pays qui n’ont pas de taxation carbone ni de charges fiscales et sociales. Mais, l’industrialisation a également cette image de pollution et anti-écologique alors que l’on pourrait au contraire recréer de la croissance en faisant jouer un rôle majeur à l’industrie. Est-ce utopique ou une réalité économique ?

 

Un rêve pour certains secteurs ou plutôt un cauchemar. Car si tout ce discours reste magnifique, la réalité est tout autre. L’automobile, par exemple, est un secteur sur lequel s’abat actuellement la tornade, où un grand nombre de salariés est sacrifié sur l’autel de la rentabilité. Les voitures en France y sont de moins en moins produites : une sur cinq aujourd’hui, contre une sur deux au début des années 2000. Et cela ne va pas en s’arrangeant avec les secteurs de la fonderie actuellement ou de la pièce détachée qui se fabriquent dorénavant dans les pays de l’est et en Turquie sans parler de l’électronique qui se conçoit en Asie. Il y a un an, Emmanuel Macron nous disait vouloir, grâce à l’électrification, refaire de la France un «champion européen» mais dans les derniers modèles Peugeot, Renault ou Dacia, aucune n’est produite en France.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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