Éditos

Souriez, vous êtes filmés

Loin de créer la polémique entre les pour et les contre, la vidéo-verbalisation a un petit caractère de faux cul et surtout de pompe à fric. S’appuyant sur les dispositifs de vidéosurveillance installés dans l’espace public, elle permet de sanctionner à distance une infraction au code de la route. En effet, les mêmes caméras et les mêmes agents, qui analysent les images pour lutter contre l’insécurité d’un côté, peuvent aussi contribuer à lutter, de l’autre côté, contre les incivilités au volant. Autant rentabiliser un lourd investissement en lui attribuant un double usage… En perpétuel développement, on en compte de plus en plus. Dans la région Centre Val de Loire, les villes de Blois, Orléans, Bourges et Châteauroux en sont équipées.

C’est bien également un agent assermenté qui constate, devant un écran de contrôle, une infraction au code de la route filmée par une caméra de vidéo-protection. L’image du véhicule du contrevenant est capturée pour identifier sa marque et lire surtout les numéros qui apparaissent sur sa plaque d’immatriculation. Depuis octobre 2015, la lutte s’est intensifiée contre les comportements dangereux et le comité interministériel de la sécurité routière a permis d’étendre le nombre des infractions pouvant être constatées sans interception en bord de route, le fameux I Donc, juste par l’intermédiaire de la vidéo-verbalisation et des radars homologués, onze catégories d’infractions routières sont verbalisables sans que vous n’ayez vu la couleur d’une culotte de policier. Depuis 2019, le délit de défaut d’assurance est également dans le collimateur, car la caméra qui a lu votre plaque contrôle la présence de la vignette verte par la même occasion.

On a vu également depuis 2021, le déploiement extraordinaire des radars privés, c’est-à-dire ces radars embarqués dans des véhicules banalisés de sociétés privées, qui vous flashent et sont capables de contrôler votre vitesse dans les deux sens, et s’installant tranquillement dans le flot de la circulation… On devrait compter 450 véhicules équipés en cette fin d’année qui circuleront sur tout le territoire. Ce qui me semble scandaleux et assez symptomatique de notre société, outre sa force de frappe qui permet de verbaliser plusieurs véhicules en même temps, c’est l’externalisation de ce système à des prestataires privés pour selon l’État « libérer du temps aux forces de l’ordre » ainsi que « d’améliorer la sécurité routière ».

Pourquoi l’État nous prend-il (encore) pour des imbéciles avec cette hypocrisie à peine cachée ? Selon une projection de l’association « Ligue de Défense des Conducteurs », cette cadence pourrait faire exploser le nombre d’amendes. Une voiture-radar, qui a son itinéraire bien défini par le ministère de l’Intérieur et les préfets, « rapporterait » environ 130€/heure, soit 4 fois et demi plus qu’un véhicule conduit par les forces de l’ordre. Difficile d’y voir une énième façon de remplir les caisses de l’État même si la Sécurité Routière nous détaille bien que seule la sécurité sur les routes est un élément à prendre en compte.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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