Éditos

Un bicentenaire polémique

Le bicentenaire de la mort de Napoléon (5 mai 1821) alimente des polémiques autour des commémorations du vainqueur d’Austerlitz. Moi qui me faisais une joie de le fêter, de lire la centaine d’articles ou les dizaines de livres qui sortiront tout au long de l’année, de me précipiter à l’exposition prévue à la Grande Halle de la Villette… Depuis mon enfance, je suis fasciné par cette destinée, son action qui encore aujourd’hui nous gouverne.

 

C’est ainsi que je le vois traité de «raciste», «esclavagiste», «misogyne», «fossoyeur de la République» et même (si si je l’ai lu) «précurseur d’Hitler» ! Ces débats sont révélateurs de notre époque. Les partisans de la Cancel Culture qui vise à réécrire l’histoire et si besoin de supprimer toute référence historique, jugent l’ancien empereur des Français avec une lecture contemporaine. Politiser l’histoire et donc effacer Napoléon Bonaparte est une dérive propre aux régimes totalitaires visant à réduire l’héritage napoléonien à l’unique rétablissement de l’esclavage. Utiliser ce thème pour rendre tout débat impossible plutôt que d’apprécier la globalité de son œuvre pour en évaluer son apport dans l’histoire de France.

 

L’esclavage est une abomination. Le principe d’arracher de malheureux Africains, de les déplacer à fond de cale pour en faire de la main-d’œuvre gratuite sur un autre continent, leur reniant toute humanité est simplement abjecte. Cependant, cette louable opinion reste anachronique et ne tient compte ni de l’époque, ni du contexte. Ces débats ont lieu et existent, cela reste le travail des historiens qui par leurs analyses savent prendre ce recul nécessaire sur l’histoire.

 

Napoléon, par ses qualités personnelles, devrait être un modèle pour la classe politique. Le sens véritable de la commémoration n’est pas de présenter un homme sans aspérité, sans défaut, sans aucune part d’ombre, sans décisions discutables. Au contraire, la commémoration c’est rappeler qu’il y eut des hommes exceptionnels, qui firent des choses exceptionnelles qui ont marqué notre histoire, qu’un peu de leur action est passée dans notre présent, c’est-à-dire notre identité. Et ses réalisations appartiennent incontestablement à cet univers.

 

Après une révolution qui laissait un pays divisé, instable, impuissant, Napoléon va chercher à rétablir l’État. Il raffermit l’économie avec le Franc Germinal, la Banque de France et les Chambres de Commerce, il structure les départements avec le corps préfectoral et la Cour des Comptes. Sans oublier l’enseignement avec le lycée, le baccalauréat et l’université. Son action sur le cadre juridique avec la création du Code Civil et du Code Pénal. Chaque réalisation structure encore notre quotidien, perdurera par-delà les régimes et les époques, une œuvre tellement immense en 15 ans de règne soit deux septennats !

 

Personne ne célèbre Napoléon pour son décret pris aux Antilles sur le sort des esclaves, ce n’est pas cela Napoléon, ni les milliers de morts sur les champs de bataille à travers toute l’Europe. Napoléon Bonaparte a démontré que l’engagement est indispensable pour débloquer l’action publique aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur alors que le politique aujourd’hui semble si impuissant. Commémorer la mort de Napoléon c’est être fier de son histoire nationale et ne pas accepter le fatalisme, montrer que la France aura toujours de l’estime pour ses plus grands serviteurs.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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