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#jesuisgorce

Sommes-nous rentrés dans l’aire de la régression démocratique ?

Une fois de plus, une fois de trop peut-être, le droit à l’ironie et à l’humour a été vaincu par les polémiques venant tout droit des photo alex pour edito depuis mai 2019 réseaux sociaux. Sur fond de fortes critiques, le journal «Le Monde» a publié un communiqué d’excuses après avoir fait paraître dans sa newletter un dessin du caricaturiste Xavier Gorce dans le contexte sensible sur le sujet de l’inceste avec les accusations envers le politiste Olivier Duhamel. En effet, le dessin du caricaturiste avec ces célèbres «Indégivrables» montre un jeune pingouin qui demande à un de ces congénères adultes «Si j’ai été abusé par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste ?». Face à la pression des réseaux sociaux, la liberté des dessinateurs de presse d’être satirique devient donc compromise. Le journal par sa nouvelle directrice de la rédaction, Caroline Monnot, a parlé d’erreur et a annoncé dès le lendemain de la publication du dessin qu’il n’aurait jamais dû être publié en présentant les excuses du journal à ses lectrices et lecteurs.

 

Rien dans ce dessin était insultant pour qui que ce soit et Xavier Gorce écarte toute transphobie, toute moquerie ou humiliation en soutenant le droit à l’ironie et à l’humour. C’est par cette phrase, «La liberté ne se négocie pas» qu’il a annoncé sa démission du journal Le Monde. On peut ne pas aimer le dessin mais cela ne vaut pas ce torrent d’insultes jusqu’aux menaces de mort. Bien sûr que le dessinateur ne peut se plaindre si les gens expriment un mécontentement, une protestation, dire que tel dessin est xénophobe, misogyne, raciste est un droit mais aujourd’hui très vite ces propos glissent vers de l’intimidation verbale et même physique. Nous ne sommes plus dans un débat mais dans des sentiments de menaces, ce qui est grave.

 

Ces polémiques font dorénavant peur aux journaux qui préfèrent capituler plutôt que de risquer le débat. La censure contre tous ceux qui tiennent des propos problématiques devient doucement la norme comme c’est le cas aux États-Unis, l’importation en France de cette culture puritaine et liberticide remet en question notre conception même de la liberté d’expression. Les réseaux sociaux permettent à chacun de devenir parfois un petit procureur de la vertu, de ce qui est autorisé de dire ou pas au nom de l’ordre moral empêchant le débat public. Ce que l’on nomme «la culture cancel» dans les pays anglo-saxons s’immisce petit à petit dans notre société. Le New York Times en juin 2019 suite à la publication d’un dessin et face à la pression polémiste a décidé d’arrêter de publier des caricatures dans son édition internationale. Certains diront que la liberté d’expression ne doit pas être la liberté de choquer ou de se moquer mais, à les écouter, un auteur comme Molière, aujourd’hui, serait sûrement censuré et non publié avec sa moquerie des puissants, des petits, des femmes, des bourgeois, des médecins… Non, la liberté ne se négocie pas et meurt si elle n’offre plus la possibilité de se moquer, de choquer, de blasphémer ou de heurter.

Alexandre Fleury

Il est partout ! Assemblées générales, événements sportifs et culturels, reportages, interviews, portraits… à lui seul, il rédige la moitié des articles du journal. C’est la figure tutélaire de la rédaction et il répond toujours avec le sourire aux très nombreuses sollicitations. Une valeur sûre, qui écume le Vendômois par monts et par vaux et connaît le territoire par cœur.

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