Disons clairement les choses, je serais plutôt un pro-européen. Je vois bien plus d’avantages à nous regrouper qu’à vivre chacun isolé. Une Europe idéalisée bien sûr, pas celle que nous proposent parfois les technocrates de Bruxelles, une Europe sûrement plus politique que lobbyiste. La France est déjà experte en la matière mais l’Europe n’est pas avare quand il s’agit de rédiger de nouvelles normes ou directives. Non, les salariés de Bruxelles ne se tournent pas les pouces à ce que l’on pourrait croire. Non seulement il leur faut contrôler l’application de centaines de milliers de normes, de règles, de directives et d’interdictions que l’institution a produits depuis des décennies, mais ils en rajoutent tous les ans 700 nouvelles ! Un zèle certain qui, pour l’essentiel, ne répond pas aux problèmes de pauvreté, chômage, afflux de migrants,…
Une de ces dernières normes menace la lavande. En effet, une réglementation européenne prévoit de l’assimiler à un produit chimique toxique. Quand on pense à la Provence, une carte postale des champs violets nous saute aux yeux et une odeur douce de lavande nous envahit. Les producteurs se battent aujourd’hui contre ce projet de réglementation européenne datant de fin 2013 et qui serait effectif en 2022. En cause, le linalol, présent sous sa forme naturelle parmi les 600 molécules dans la plante, qui est considéré comme allergène par l’Europe, laquelle prévoit d’apposer une tête de mort sur le flacon. La résistance s’organise, outre une pétition qui circule, on voit fleurir dans les champs de lavande des panneaux «Lavande en danger» comme l’on voit chez nous «non aux projets éoliens». Ces producteurs ont simplement peur de voir disparaître la production naturelle qui serait alors mise sur le même plan que les produits chimiques. Pour aller vers un environnement exempt de substances toxiques, ce projet européen encourage donc l’utilisation d’huiles essentielles de synthèse au détriment des huiles naturelles…
La réglementation est bien sûr bénéfique pour le consommateur puisqu’elle cherche à identifier toutes les molécules sur le marché. Le risque est que, par principe de précaution, des huiles essentielles soient considérées comme cancérigènes, perturbateurs endocriniens, non biodégradables, non-essentielles en fait ou simplement jugées trop dangereuses et donc restreintes, voire interdites. Le risque est de les voir disparaître de la grande consommation comme dans la cosmétique, les parfums, la lessive,… La France reste le premier producteur au monde de lavandin. Son interdiction ou simplement la mention sur les flacons du caractère allergène de leur produit pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la filière. Car, au-delà d’une production qui est menacée de mourir, les paysages et leur biodiversité disparaîtront de fait.
Alexandre FLEURY