A toi Maurice, résistant et déporté
Nous publions ici la première partie d’un texte émouvant que nous adresse Tiphaine Ricordel, 16 ans, élève au lycée agricole de Montoire et passionnée d’écriture, sur Maurice-Georges Orget, son arrière-grand-oncle, résistant et déporté dans les camps de la mort. Poignant.
Maurice-Georges Orget est entré en résistance à l’âge de 24 ans, lorsqu’il reçut sa lettre de convocation l’enjoignant à aller travailler en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). Refusant de participer à l’effort de guerre allemand, il quitta ses parents et sa ville de naissance pour rejoindre le maquis du Mont-Revard près d’Aix-les-Bains, là où habitait son oncle Charles, le frère de sa mère. Ce dernier faisait partie lui-même de ce maquis.
Il y trouva du travail au barrage de Génissiat où, très certainement, il se lia à un réseau de résistants.
En 1944, l’un de ses oncles l’avertit d’un potentiel danger et lui demanda de revenir au maquis. Maurice lui répondit : «Je reste travailler jusqu’à la fin de la semaine et je rentre.» Il ne rentra pas au maquis… Le réseau dans lequel il était infiltré fut dénoncé avant même qu’il n’ait pu revenir. Tous furent arrêtés par le Kommando der Sipo-SD, alors sous les ordres de Klaus Barbie.
Matricule 60384, catégorie 3
Ils furent emprisonnés à la prison de Montluc, à Lyon, et probablement interrogés, torturés certainement, par celui même qui tortura Jean Moulin, Raymond Aubrac et bien d’autres, celui que l’Histoire connaît désormais comme le «boucher de Lyon», le funeste Klaus Barbie.
Maurice fut ensuite envoyé à Compiègne pour être finalement déporté au camp de Mauthausen. La veille de son départ pour le camp d’extermination, le 21 février 1944, il envoya une lettre à sa sœur (mon arrière grand-mère) dans laquelle il lui assura être en bonne santé et lui donner des nouvelles un peu plus tard. Le 25 mars 1944, il arriva à Mauthausen.
Sur le bras gauche, tatoué, opération douloureuse et extrêmement rapide, il reçut son numéro de matricule: 60384. Comme tous, il devenait ainsi un numéro, repérable, un travailleur déporté identifié, identifiable, numéroté.
Mauthausen appartenait, selon les codes établis par l’administration SS, aux camps de «catégorie 3». Cette catégorie correspondait à ceux dont le régime de détention était le plus sévère.Pour les prisonniers qui y étaient envoyés, cela signifiait «retour non désiré», non envisagé par l’administration, cela renvoyait à une «extermination par le travail».
Tiphaine Ricordel