Culture… apprendre, lire, relire, regarder et travailler
Et si l’Apocalypsis cum figuris, d’Albrecht Dürer, était le premier livre d’artiste de l’histoire ?
«Très jeune, mes parents m’ont emmené visiter le musée des impressionnistes à Paris. Dans la salle V.Gogh il y avait la petite église d’Auvers sur Oise. J’ai su que j’essaierai de faire de la peinture, mon métier» : Ce tableau l’a happé.
Voilà le déclic pour Phlippe Guesdon… le pourquoi et le comment on peut devenir artiste peintre.
Il n’a pas arrêté de travailler et a choisi d’enseigner la pratique artistique et l’histoire des arts à des élèves motivés. Motivés ? Peut-être parce qu’ils avaient un bon professeur !
Quarante années de relecture, une réappropriation d’œuvres consacrées à l’histoire de l’art. Il s’appuie sur le patrimoine.
«Mon travail se centre en particulier sur une reprise contemporaine de l’oeuvre gravée sur bois d’Albrecht Dürer et de ses contemporains. A. Dürer, ce grand maître de Nuremberg me fascine».
Suite à une exposition où étaient présentées les gravures sur bois, P.Guesdon travaille sans relâche sur ces recherches. « Ce fut une émotion totale, j’avais l’impression que chacune avait été gravée pour moi seul». C’est alors qu’il décide de démonter ces gravures en les revisitant. Il découpe, taille, lacère, reconstruit, mais sans jamais inventer. Dans chaque remontage la gravure est manipulée, mais reste entière.
Depuis 1995 il passe le plus clair de son temps à revisiter les livres illustrés du grand maître allemand, La Nef des fous, le livre du Chevalier de la tour Landry… Tout ce travail a fait déjà l’objet d’expositions. Pour sa peinture, la rencontre avec le livre, les livres, est essentiel.
Quand on lui pose la question : Quand vous êtes face à votre travail, pensez vous avoir atteint votre but ?
L’artiste répond : «Voilà la question tant redoutée !. On ne consacre pas une vie entière, huit heures par jour à une activité si difficile sans une motivation existentielle. Je n’ai pas la foi, pas de croyance particulière mais j’ai pour les êtres humains une compassion débordante. Mon activité artistique est comme une quête, une approche, une façon de comprendre le monde et les gens . En chambouler certains, en rassurer d’autres…»
«Je travaille en écoutant la musique de Bach. P. Guesdon aimerait peindre comme composait ce grand musicien et réussir l’exceptionnel d’une écriture rigoureuse.»
Lorsque l’on arrive dans l’espace réservé à Philippe Guesdon au Musée de Vendôme, sur la droite, un mur de gravures 50×50 cm le livre d’Emblèmes. Fascinant, moderne et tout à la fois très ancien. Le peintre cherche à retrouver une animation de la surface peinte. Couleurs violentes dans les mauves roses vert… et des détails à n’en plus finir.
Sur la gauche, toujours dans l’esprit de la vision contemporaine d’un livre du passé, on voit un travail sur toile libre, des pans de peinture dans l’esprit de la calligraphie… toujours le plein et le vide. Surprise et étonnement pour le troisième mur : place aux toiles tendues sur châssis, un grand travail sur l’Architecture d’Assise : On y voit des apports de poudre de métaux. On distingue les lieux.
Mais les personnages eux sont absents. Magnifique précisions entre
le profond et le plat. On reste sans voix. Un réel travail sur la matière.
A noter cette exposition fera l’objet d’actions de médiation en faveur des scolaires
Portrait
Philippe Guesdon un peintre de son temps.
Vision contemporaine d’un livre du passé.
Philippe Guesdon
Architectures et emblèmes
Peintures récentes
au Musée de Vendôme du 3 février au 18 juin 2018
Photos Marc Broussard