Deux expositions de Michel Saint Lambert à Vendôme
En résidence d’artiste à Vendôme et à la Possonnière au printemps, l’artiste peintre Michel Saint Lambert expose sa nouvelle création à la chapelle Saint-Jacques et en même temps à la Galerie de Laurent Potier.
Difficile de résumer la vie de cet artiste, entre son passé réunionnais et son arrivée à l’âge de 16 ans en France en 1973 comme l’un des « Enfants de Creuse », programme scabreux et expérience malheureuse mis en place par Michel Debré pour le repeuplement des départements de l’héxagone touchés par l’exode rural. L’œuvre sensible de cet artiste, aujourd’hui tourangeau, en est totalement imprégnée. Comme échappatoire, Michel Saint Lambert dessine et peint à profusion pour s’exprimer, déraciné et arraché à son île et à sa culture. Amoureux des vieux papiers épais, journaux ou toiles son œuvre se dessine sur ces matériaux de récupération. « J’ai toujours été attiré par les journaux. Quand j’étais jeune dans le bidonville, le papier peint, c’était les pages du Paris-Match ou des hebdomadaires que les marins rapportaient dans leur sac » détaille l’artiste. Dans l’exposition à la chapelle Saint Jacques, une cabane de bidonville recréée grâce à Jean-Philippe Mauchien, artiste lui-même, vient présenter à l’intérieur des œuvres de Michel Saint Lambert peintes directement sur ces quotidiens collés sur les murs.
D’ailleurs à la Galerie de Laurent Potier, on retrouvera ses peintures réalisées uniquement sur de vieux journaux achetés à petit prix par dizaine en brocante ou récupérés avant d’être jetés, des œuvres au mélange subtil de plein et de transparence, laissant un texte ou une image au milieu de sa création.
À la chapelle Saint-Jacques, Michel Saint Lambert présente de grands formats où l’on retrouve textes, lettres ou chiffres qui sont toujours représentatifs des instants où il peint, une histoire ou son histoire qu’il détaille sur plusieurs œuvres parfois et sur plusieurs matériaux, de vieux sacs de toile, du carton ou du papier kraft. « Il est ici question d’un rapport au monde en mouvement, les mémoires sont convoquées mais toujours confrontées à l’immédiateté » écrit Philippe R. Berthommier, artiste vendômois, ami du peintre et initiateur de sa venue à Vendôme en résidence. Des personnages de profil, tête d’homme ou de femme, de couleur sombre viennent raconter ce qu’ils rencontrent ou ce qui les hante. D’autres figures aux traits clairs et fins, de face, apportent un autre éclairage à ses toiles, peut-être même de l’importance qu’il donne à ses rencontres suivant la taille et la douceur des visages peints. Ocre, vert, rouge ou beige, les couleurs de ses fonds sont toujours en harmonie avec ces visages ou symboles et ses collages sur les bords de ses œuvres dessinent ainsi certaines grandes toiles sous forme de cases pour mieux raconter son histoire en somme. Deux expositions à ne manquer sous aucun prétexte et qui se complètent harmonieusement. Un mois de septembre 100% Saint Lambert pour notre plus grand plaisir.
Exposition à la Galerie Laurent Potier tout le mois de septembre – Rue Marie de Luxembourg à Vendôme – ouverte du mardi au samedi – catalogue de l’exposition mis en page par JP Mauchien, préface de Philippe R. Berthommier en vente 10€ à la galerie