L’expo de l’été à Vendôme Guy de Malherbe au Manège Rochambeau
Le peintre, qui a son atelier au château de Poncé-sur-le-Loir, investit les 1400 m2 à lui tout seul. Grands formats et séries au rendez-vous.
La rencontre il y a deux ans avec Philippe Berthommier, en charge d’événements culturels aux Territoires Vendômois, est le début de l’histoire. Les deux hommes ont pris le temps de s’apprécier et de faire naître ce beau projet d’une longue expo d’été au Grand manège. «On a bien accroché tous les deux !» raconte Guy de Malherbe sans jeux de mots… «Et je me suis mis au travail pour sélectionner des toiles et en peindre de nouvelles, souvent en grand format.» En, tout plus de 150.
Car les cimaises du Manège sont généreuses, comme le public des années passées l’a constaté – en 2023 encore avec l’expo des Contributeurs. Guy de Malherbe a heureusement 45 ans de peinture et d’expos marquantes (*) derrière lui, des toiles plein son atelier, d’autres en galeries et même… chez des collectionneurs ravis de les prêter à l’artiste.
« Forçat de la peinture »
Comme Monet, il aime depuis toujours fréquenter les falaises normandes du côté de Dieppe. Et comme lui, il peint par séries. Ce sont des thèmes sans cesse revisités, très singuliers, autour de la roche, des falaises, des chaos et des brèches, des plages qui les bordent, le tout dans des couleurs bien assumées qui rappellent les choix d’un Gauguin – notamment dans les jaunes. «Je travaille autant que possible sur le motif, sur la plage, en captant un moment précis, dans la lumière de l’instant. Je suis aussi tributaire de mon humeur, je ne veux pas l’altérer en retravaillant plus tard ce que je viens de faire.» Il ne les retouche donc pas.
Il dit être «un forçat de la peinture» et peindre deux toiles par jour, «une le matin, une l’après-midi». Des huiles dont il se sert cependant à l’atelier pour imaginer, cette fois, les grands formats qu’il ne peut emporter sous le bras. Au nombre d’une trentaine, peints «sur tranches» – c’est à dire sans cadre – ceux-ci devraient former l’architecture de l’expo de Vendôme qui compte aussi des diptyques et des triptyques à l’assemblage impressionnant.
Fidèle à ses modèles
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, les falaises, strates de craies, triangles ombreux ou cavernes dans la roche sont accompagnés de la série des Endormies (2006 / 2007), ces femmes que le peintre a fait poser sur la plage, comme un élément de beauté parmi tous ceux que la nature lui offrait. Si ses premiers modèles furent Marie-Hélène son épouse et sa fille Apolline qu’on ne présente plus (et qu’on voit dans l’expo), il s’est souvent attaché longuement à d’autres muses, dont Sarah Le Guern pendant près de 20 ans – elle-même photographe d’art parisienne – ou Béatrice et Solène, sortes de sirènes à la chevelure rousse qui se mêlent aux rochers et à la mer.
Guy de Malherbe est heureux d’exposer à Vendôme, lui dont les toiles voyagent dans le monde. «Je suis attaché à la vallée du Loir, c’est là que j’ai fait mon apprentissage sensoriel, que j’ai eu ce rapport au végétal, à la pierre, à la lumière, tout ce qu’on touche, ce qu’on voit, ce qu’on entend… Et ce rapport au monde par les sens est toujours resté en moi !»
(*) Abbaye de l’Epau, Musées du Mans, La Chartreuse à Villeneuve-lez-Avignon, Galerie La Forest Divonne à Paris et Bruxelles.