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A propos de l’origine du nom de la rue des “ Quatre Huyes ” à Vendôme

Dans les numéros de novembre et décembre 2002 du Petit Vendômois, il fut question de la “guitarde”, cette très belle lucarne ouvragée au 16 de la rue des Quatre Huyes. S’est alors posée la question de l’origine du nom de cette rue. A ce sujet Jean-Claude Pasquier, historien local bien connu et secrétaire honoraire de la Société Archéologique, nous livre le résultat de ses recherches. Qu’il en soit très vivement remercié.

 

En l’état actuel de nos connaissances, l’origine de l’appellation ” Quatre Huyes ” reste toujours aussi énigmatique. Cependant, une chose est certaine : c’est le sens véritable du mot “huis” qui signifie “porte” (du latin populaire ustium pour ostium, uis au XIIe siècle), quelle que soit son orthographe locale (huis, huys au XVIIIe et XIXe siècles – huyes, XXe siècle).

 

Consultons donc les rares archives (du moins celles connues à ce jour) se rapportant à cette dénomination :
D’une façon générale et ce jusqu’au XVIe, voire une partie du XVIIe siècle, semble-t-il, la rue des Quatre-huyes s’appelait le chemin du Mans, plus souvent le chemin de Mazangé, exceptionnellement de Villiers. Pour les Vendômois, il permettait, avant tout, de rejoindre directement le prieuré Saint Mars (ou Saint-Marc) et Courtiras (fief et seigneurie).

 

Lorsque M. de Saint-Venant (dans son dictionnaire du Vendômois) affirme que la rue tire son nom d’une maison avec jardin aux quatre huis ou quatre portes…, en fait, il ne résout rien. Voici d’ailleurs le texte auquel il se réfère (“Table” des biens de l’Oratoire, manuscrit n° 286, p. 166, Fonds ancien de la bibliothèque municipale de Vendôme) : Quatre Huis, maison et jardin baillée à 10 livres de rente et 6 deniers de cens au faubourg Saint Michel… A côté vers midi de laquelle maison est le lieu où se tiennent les audiences de notre justice de Courtiras – acte du 12 mai 1771.

 

Extraits du même manuscrit (n° 286), trois autres actes nous apportent quelques renseignements complémentaires, mais sans plus ; ainsi : 21 juin 1667… rente sur un jardin aux quatre huis – 1725… sur une maison et appartenances (communs) au dit faubourg Saint Michel au lieu dit des quatre huis appelée le palais de l’Oratoire avec réserve d’une des deux chambres dont elle est composée pour tenir les audiences de notre justice de Courtiras – 1774… terres aujourd’hui en bâtiment et jardin aux quatre huis entre le palais de notre justice de Courtiras et l’arche du mauvais pas (“planche” ou passerelle qui enjambait le fossé Chevrier alors à découvert, aujourd’hui début de l’avenue Ronsard, au droit de l’avenue G. Yvon).

 

C’était donc bien, de prime abord, un lieu-dit (hélas encore non situé avec exactitude) de l’ancien faubourg Saint-Michel ; il donnera, de toute évidence, son nom au chemin le desservant, puis à la rue. Mais cela n’explique toujours pas l’origine de ce toponyme ‘quatre huis “, ni à quelle date il apparaît pour la première fois.

 

Plus intéressante, mais sans confirmation aucune malgré de nombreuses recherches, est cette dernière piste relevée dans le manuscrit n° 373 bis, 9e liasse, de Stanislas Neilz (érudit, 1819-1889, qui ne cite pas ses sources), concernant l’année 1807 : Construction du nouveau pont en bois de la porte St Michel commencée le 1er mai ; la première voiture passera le 8 septembre 1808, les culées terminées en 1809. On fit d’abord la démolition des 4 portes du dit pont pour le libre passage ; ces portes avaient en effet un cachot particulier, d’où vient le nom des Quatre-Huyes.

 

Description ambiguë, difficile à interpréter, certes, mais peut-être non dénuée d’intérêt quand on sait que ce faubourg Saint-Michel était attenant à l’ancienne porte fortifiée du même nom et que le chemin en question aboutissait au pont (Saint-Michel) construit alors une trentaine de mètres en aval du pont actuel.

 

Article paru dans le Petit Vendômois de Janvier 2003

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