Il y a 100 ans, un monument dessiné par un grand sculpteur
Le village de Trôo prépare les 100 ans de son monument aux morts imaginé par Antoine Bourdelle, un ami de Rodin, sculpteur comme lui.
Qui est Bourdelle ?
C’est un Parisien qui a été le disciple (l’élève) du grand sculpteur Auguste Rodin dont tu connais peut-être le fameux «Penseur» ou «Le baiser». C’était il y a plus de cent ans. Ils sont vite devenus amis et Bourdelle a su faire son chemin. Il est, lui aussi, devenu célèbre ; un musée lui est consacré à Paris, sur le lieu même de son atelier.
Que venait-il faire à Trôo ?
Il connaissait un autre Parisien, le journaliste Auguste Arnault qui aimait venir en vacances dans le village. Un jour, il a accepté son invitation à venir le rejoindre. Il est tout de suite tombé sous le charme de la colline et de l’église, de la vue sur la vallée du Loir et de toutes ces maisons troglodytiques, c’est-à-dire creusées dans le rocher. Sais-tu que Trôo vient d’un mot ancien qui signifie « trou » ? À l’époque, les deux hommes étaient arrivés en train à la petite gare qui existe encore à Saint-Quentin-les-Trôo et qui est devenue le terminus du Train touristique de la vallée du Loir.
Qui lui a demandé de faire le monument aux morts ?
C’est son ami, sans doute, qui lui a fait part du souhait du maire et du conseil municipal. C’était juste après la Grande guerre de 1914 à 1918 entre la France et l’Allemagne (celle des tranchées) et toutes les communes de France voulaient leur monument pour rendre hommage à leurs soldats morts « au champ d’honneur ». Parce qu’il avait beaucoup aimé son séjour ici, Bourdelle a accepté et a même proposé un projet très moderne pour l’époque, sans statue de soldat comme on en voit partout, et avec une particularité.
C’est vrai, il n’y a pas de soldat sur ce monument…
Oui, c’est très rare ! Bourdelle a préféré imaginer ce qu’il appelle « une urne » qu’il voulait enfermer à l’intérieur de la pierre taillée avec les noms de tous les enfants de Trôo morts à la guerre sur une liste. Il a aussi fait graver leurs noms en relief tout autour. Son monument est très simple, mais émouvant quand on y pense. Et puis, le jour de l’inauguration – le 18 juillet 1923 – il a fait un beau discours en comparant le monument qui abrite tous ces noms à la colline de Trôo qui abrite ses habitants.
Le village se prépare au centenaire
Cet été, il y aura à Trôo une exposition et une cérémonie pour fêter le centenaire du monument aux morts d’Antoine Bourdelle, en même temps que le bicentenaire (200 ans) de la grosse cloche de l’église. Le maire a déjà fait appel aux habitants de la région pour retrouver « des documents », c’est-à-dire de vieilles photos, des cartes postales qui les montreraient, et des lettres ou des écrits qui en parleraient. Il a même donné l’idée de « s’habiller en costumes d’époque ».
Comme le 18 juillet, jour anniversaire de l’inauguration, tombe cette année un mardi, l’exposition et la cérémonie pourraient être avancées au week-end des 15 et 16 juillet, juste au lendemain de la Fête nationale.