Incarnations facétieuses au Musée de Vendôme
Après trois mois d’accrochage à la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, à Orléans, voici une autre approche du travail de la femme artiste Charlotte de Maupeou pour le Musée de Vendôme. Et, là aussi, pour plusieurs mois.
Des héroïnes et des portraits de créatrices et de femmes artistes : Sonia Delaunay, Louise Bourgeois, Nicky de Saint Phalle… ou encore des toiles de maîtres revisitées avec talent, humour et culture. Les grands comme Vermeer, Courbet, Manet ou Velasquez lui ont donné envie de peindre, c’est son rapport entre elle et le tableau. Elle s’attaque aux plus célèbres et les fait revivre à sa manière, à son style. Elle ose interpréter des œuvres qui d’habitude sont d’un grand et sublime classicisme. Elle les emporte dans une grande modernité osant parfois des couleurs fluo.
Tout est une question de culture. Charlotte le sait. Elle rit en parlant. Elle ne se moque pas. Elle s’identifie à ce style qu’elle a créé. Les toiles vivent. En regardant de plus près on peut voir les yeux bouger, sur le visage, des traces de vie.
Les empreintes, elle ne s’en privent pas. Elle peint au sol, dans l’atelier ou dans la nature. Chiens et enfants marqueront la toile par leurs traces de pas. Ajoutons la pluie, le soleil, voici un aperçu d’une des recettes de Charlotte. L’ex Parisienne a l’énergie créatrice. Elle s’accommode totalement de sa vie à la campagne, et ce depuis treize ans. C’est dans la Sarthe qu’elle travaille après un cursus des plus honorables : diplômée de l’école des Beaux-Arts de Paris en 1998, elle décroche le prix Georges Wildenstein en 19999, puis enchaîne sur deux années de résidence à Madrid à La villa Velasquez. Ce qui lui permet de s’exprimer dans un atelier rien que pour elle.
Il semblerait depuis quelque temps qu’elle soit en phase totale avec sa créativité. L’explosion de travail en témoigne : peinture, collage, sculptures, paysages… Elle en réalisait déjà dans les années 90, mais en croquis. Aujourd’hui, elle les met sur toile.
Les paysages promenades, bords de Loir, avec toujours l’effet des reflets dans l’eau. Elle les attaque sur place, in situ. Peu importe le temps, froid, chaud, venté. Charlotte chargera sa camionnette, les pinceaux et tout le matériel. Sa chienne sera de la partie. Elle partage toutes les séances, et bien entendu, elle aussi aura sa place dans le tableau. C’est cette approche que l’on décrypte en regardant « ses bords de Loir ».
Le cursus scolaire n’étant pas sa tasse de thé, elle découvre l’ambiance atelier styliste mode auprès de la ruche de Jean- Charles de Castelbajac dès 16 ans. Les arts plastiques, elle adore. Et s’y sent comme un poisson dans l’eau. Le côté artiste à l’humour décalé fait partie de sa culture familiale. Pas toujours facile de faire ses preuves. La villa Velasquez, lui a permit de s’exprimer. Le style s’affiche. Ce sera sa marque de fabrique. Rien n’est figé, tout peut bouger. Charlotte se revendique une artiste féminine donc témoin de son époque. Petit rappel, pas si vieux que cela, que les femmes artistes peintres sont reconnues dans notre monde !
Sa vitalité, une bonne humeur, une boulimie de croquer les instants de la vie, ce qui l’entoure, se retrouvent dans une générosité sans retenue que l’on prend plaisir à contempler dans ses accrochages multiples et variés depuis ces dernières années dans le Val de Loire.
Imaginez qu’un tableau peut très bien un jour être revisité par son auteur ; l’artiste va s’intéresser à une œuvre réalisé il y a 5 ans. Soit elle va lui estomper certains points, soit, au contraire, elle va la dynamiser avec du bleu, du rouge et toujours la pointe de noir. Le Déjeuner sur l’herbe et La laitière font partie de ses bests.
Photo Marc Broussard
Charlotte de Maupeou,
exposition du 8 septembre au 26 janvier,
Musée de Vendôme.