La Phartmacie, nouvelle galerie d’art à la Chartre-sur-le-Loir
A côté de Nocogo, aujourd’hui bien implantée, vient de s’ouvrir un nouveau lieu culturel. Agathe Occhipinti et Luc Lefort essuient les plâtres à la Chartre-sur-le Loir (72).
Hugues Bourgeois et Christophe Bornier, propriétaires des locaux de l’ancienne pharmacie de la rue Nationale depuis 2021, avaient en tête le projet d’un lieu multiculturel : expos d’artistes «de tous horizons», week-ends musicaux, événements littéraires… «On a envie de faire découvrir des textes et des auteurs par des lectures et des conférences » précise Christophe, « le public pourra aussi être acteur lors d’ateliers d’écriture, dictée, gravure… Et les jeunes sont bienvenus à la découverte du monde de l’art !»
Un «art» venu astucieusement s’incruster en mot valise dans le nom de ce grand espace bien connu des vieux Chartrains. On ne peut pas se tromper : le grand panneau de céramique réalisé par l’Atelier du Lérot (Michel Boillot) en 1972 a été préservé en façade.
Sculpture et compassion
Jusqu’à fin janvier, le plasticien Luc Lefort (Lhomme / 72) présente ses panneaux colorés et ajourés dans un composé de matières original : fil de fer, résine, reliefs en essuie-tout peint, etc. et, surtout, sept grandes sculptures de bonshommes inquiétants, effrayants même.
Une démarche assumée par cet homme qui veut déranger les codes de la bienséance dans l’art traditionnel. «J’aime avoir une narration dans l’œuvre, le fait qu’ils soient nus traduit l’humiliation d’une part de l’Humanité, et les sexes visibles rappellent la possibilité de se reproduire…» Hugues Bourgeois (par ailleurs médecin) y voit des «sculptures [qui] nous renvoient à l’une des pertes les plus radicales de notre société, la perte de la compassion : il faut lâcher prise, accepter des émotions que nous refoulons.»
Dans un angle, la Chartraine Agathe Occhipinti («les yeux peints» en italien!) a été invitée par Luc à accrocher un triptyque où la photo – son métier passé, son art d’aujourd’hui – rencontre le conceptuel. Des autoportraits qu’elle a composé en rouge et noir en se grimant le visage, par exemple pour calquer sa propre image sur le fond d’un mur peint en jouant avec la profondeur de champ. Les trois tableaux s’appellent Un baiser, Vertige, Infini… «J’expose une lettre d’amour à la vie, je l’embrasse comme elle vient, tu me mets quelque part, je vis !» dit cette artiste très sensible qui confesse «capter l’inspiration là où elle est.»