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La publicité au bout des doigts

Musicien hors-pair, il a côtoyé les plus grands. Après trente années de tournées, il s’est reconverti dans la création musicale publicitaire et a posé ses étuis guitare entre Savigny et Montoire. Avec pour partition la création de son studio et le soutien aux artistes locaux.

Jingles météo pour France Télévisions, pub radio pour de grandes chaînes d’hypermarchés, génériques de feuilletons et même celui d’un film avec Depardieu. Joli CV. Fils d’un cavalier hongrois qui a fui après l’insurrection de Budapest, Laszlo a hérité des talents musicaux de son grand-père, violoniste. La famille débarque à Carcassonne dans les années 60, lui arrive dix ans plus tard. Pas vraiment d’appétence pour l’école, mais une passion dévorante pour le rock et ses idoles. À l’adolescence, schéma classique, il forme un groupe de rock avec les copains. Plus copains que musiciens d’ailleurs. MJC, salles des fêtes, anniversaires, ça vivote, mais déjà quelques compositions bien senties lui valent un premier « 45-Tours ». Pas peu fier, il « monte » à Paris. Là, il est vite repéré et intègre des formations plus solides. Beaucoup de clubs parisiens prestigieux, puis très vite l’événementiel. Le groupe anime des soirées pour Maclaren au Mexique ou en Californie. Les cachets sont démesurés. « Après une soirée, j’ai chanté deux chansons avec ma guitare au bord de la piscine. Le manager m’a donné 1000 dollars de pourboire ! » Avion, hôtels de luxe, soirées mémorables. Il collabore alors avec les musiciens de Michel Jonasz, croise Etienne Daho, enregistre en Corse avec Yannick Noah chez Jacques Higelin, part en Bosnie avec Jane Birkin, joue avec Mike Rutherford (Genesis) et fait la fête chez Johnny, à Saint-Tropez. Grisant, mais usant. Et une nouvelle fois, une rencontre. Un producteur, qui a senti son potentiel de compositeur, lui propose de s’associer pour monter un studio d’enregistrement à destination des publicitaires. Gros loyer dans Paris, matériel dernier cri, écran géant pour la synchro, il y met toutes ses économies. Pari risqué, mais gagnant. En deux ans, le studio est rentabilisé et les commandes pleuvent. « C’est un exercice très compliqué, il faut parfois travailler sur des formats de cinq secondes. Je privilégie le son d’instruments que l’on entend peu pour donner une identité à la marque », explique le guitariste.

Dénicher des artistes locaux

Avec désormais des revenus moins aléatoires, il achète avec sa compagne une ferme délabrée entre Montoire et Savigny. Depuis dix ans, des sauts de puce incessants, tant pour rénover la toiture, poser les sols, remettre l’électricité d’aplomb, avec l’aide des copains. « Cette maison leur est destinée. Barbecues géants, bœufs au bout de la nuit et refaire le monde autour d’une bouteille de vin… » Mais pas que. L’idée, c’est de créer un studio dans une dépendance pour travailler en amont sur les projets parisiens. Une sorte de pré-retraite. Une vingtaine de micros, dix-sept guitares, cinq basses, trois claviers, deux batteries et une console analogique 48 pistes. Rien que ça. « Je défriche ici et lorsque je suis satisfait, je monte à Paris pour finaliser les derniers aspects techniques : mixage, mastering, synchro. Mais le moins possible, je me sens bien à la campagne. » D’ici à quelques mois, son studio verra le jour, Laszlo compte alors écumer les concerts locaux, les salles des fêtes et les animations en tout genre pour débusquer quelques perles musicales du territoire et leur faire profiter gracieusement du studio et de son expérience. « Ma vie a été faite de rencontres et je sais que ça peut changer les choses », conclut le musicien, sourire aux lèvres et médiator en main.

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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