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Le pompon de marin de la Chartre-sur-le-Loir

Tout comme les rustines à vélo, le pompon porte-bonheur sort d’une petite usine au bord du Loir. Et il a son secret de fabrication !

Le pompon. Cet accessoire de parade qu’on attachait jadis en guirlandes aux chevaux les jours de fête a donné le verbe « se pomponner » et l’expression « c’est le pompon » qui signifie qu’on en rajoute, que les choses vont trop loin.

C’est un certain mois de mars – en 1858 – que la Marine impériale obligea par décret ses marins à porter cette petite boule de laine très voyante en rouge garance sur le dessus du bachi (leur bonnet). Jusqu’à cette date, les hommes tricotaient souvent eux-mêmes leur couvre-chef et ramenaient en finition les brins de laine au centre, formant ainsi une sorte de touffe de laine plus ou moins ronde.

À La Chartre en 1960

Le pompon, qu’on appelle aussi la houppette, avait pour avantage d’atténuer les chocs éventuels avec les plafonds des coursives. Le bachi qui le porte, fabriqué à partir d’un drap de laine bleu, était « coiffé » de blanc à la belle saison. Depuis la fin des années 1980, il est réservé aux cérémonies ; il est donc redevenu un objet d’apparat, pompon compris. Cela ne vous aura pas échappé en voyant évoluer le fameux Bagad de Lann Bihoué qu’Alain Souchon lui-même rêva d’intégrer dans sa jeunesse. Il y a du pompon chartrain partout dans le monde grâce à ses sonneurs demandés sur tous les continents !

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Dans les années 60, le bâchis à pompon du marin se retrouve jusque sur les porte-clés publicitaires !

Comme les armées françaises ne sauraient faire fabriquer un tel accessoire à l’étranger, la Marine s’est tournée vers une entreprise de passementerie militaire d’abord parisienne qui s’est installée à La Chartre-sur-le-Loir en 1960 : Borrel. Fusionnée depuis avec Bouvard et Arthaud (formant BBA), elle a rejoint le groupe Marck & Balsan, important fournisseur de l’Armée française.

À La Chartre, donc, dans un bâtiment très ordinaire et discret, une poignée de talentueuses ouvrières perpétue la fabrication traditionnelle restée très artisanale.

Une machine faisant tourner des cônes de laine rouge écarlate tisse mécaniquement un « tressé » qui servira à confectionner les pompons à la main, ce qu’on appelle « rouler les pompons ». Un savoir-faire unique et jalousement gardé. Une fois réalisé une pièce de 8 à 9 cm de diamètre et de 3 à 4 cm de hauteur autour d’une agrafe centrale, il faut en égaliser les brins aux ciseaux le plus justement possible. Le poids ne dépassera pas 15 grammes.

Entreprise du patrimoine vivant

Il faut environ dix minutes à chaque couturière pour sortir un pompon. De plus de 80 000 par an à la grande époque du service militaire obligatoire, la production est descendue à moins de 25 000 par an. Mais Marck & Balsan exporte aussi d’autres pompons, galons et petits accessoires pour de nombreuses armées du monde, car son savoir-faire est inégalé. Elle est classée pour cette raison Entreprise du patrimoine vivant depuis 2014.
Les pompons ne sont pas toujours rouges comme ceux des Français, des Camerounais, des Guinéens et des Togolais ; les scouts marins ont choisi le bleu, les marins sénégalais et mauritaniens le portent en vert, par exemple.

Et si vous vous demandez pourquoi on laisse croire aux femmes que toucher le pompon d’un marin porte-bonheur, sachez que c’était (et c’est toujours) un bon prétexte pour ceux qui servent sur les mers du globe d’approcher la gent féminine !

Et ça aussi, c’est le pompon.

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