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Les jardins des «Squares Belot»

Au milieu du XIXe siècle, l’emprise des régiments de cavalerie sur les Petits-Prés (emplacement de la gendarmerie actuelle) allait bientôt modifier une partie du quartier de l’Islette. En voulant se donner un accès vers le magasin à fourrage situé rue du Champ de Mars (auj. rue du Docteur Faton) et le champ de manœuvres (lycée Ampère) situé alors sur la commune de Saint-Ouen, sans passer par le centre ville, l’armée, suite à un projet de 1841, devait ouvrir une nouvelle voie, la «chaussée du Quartier» (tracé de la rue César de Vendôme) reliant le pont «au Fumier» (auj. pont du 8e Dragon) construit par les militaires en 1857/8 et le pont de Solférino(1) dit encore pont de l’Islette (bientôt prénommé pont des Soupirs par les Vendômois) érigé par la ville également en 1858.

 

square bleriot fev 21 cote minotaure Utilisant cette opportunité, la municipalité de Vendôme se donnait à son tour un débouché vers l’est en construisant le pont de l’abbaye terminé en 1859, prolongé par une seconde voie dite «chaussée de la ville» (rue Antoine de Bourbon) reliant elle aussi le pont de l’Islette.
Ces deux chaussées tenaient leur appellation du fait qu’elles étaient surélevées par rapport au sol primitif des Grands-Prés, car établies sur le dépôt des décombres et ordures de la ville déposés là depuis 1792.

 

Dans un premier temps, le 12 février 1893, le Conseil municipal se proposait, ainsi, d’aménager sur cet emplacement des Grands-Prés, outre un jardin public, un espace suffisant pour y installer également des cirques, ménageries et autres curiosités.
Puis, par délibération du 26 février suivant, la municipalité adoptait à la majorité (14 voix) le projet de jardin sur le terrain «en forme d’équerre» délimité maintenant par les deux chaussées.
Enfin, dans les mois qui suivirent, durant cette même année 1893, plantations, clôtures en grillages, canalisations d’eau et bancs publics furent mis en place. Tout fut pratiquement aménagé dans l’année. Les Vendômois purent, dès lors, profiter des bienfaits de ce nouveau lieu de promenade.

 

Le temps passant, en février 1897, un agrandissement de ce premier square tantôt appelé «square des Grands-Prés», tantôt «square de l’Islette», fut alors envisagé, mais cette fois le long du bras du Loir. Pour ce faire, une rangée de peupliers fut abattue, les berges de la rivière en partie confortées, et avec la même célérité, l’aménagement de ce second jardin ne devait guère tarder.
Et le 14 août 1897, eut lieu la réception des deux jardins.
Le 16 novembre suivant (1897), par 14 voix contre 11, ainsi qu’en décembre 1898, la commission de la voirie rejetait le projet de prolonger plus avant, côté pont de l’Islette, le premier square établi, qui aurait supprimé du même coup l’espace réservé aux bovins les jours de foires (ici le carrefour situé devant le Minotaure).
Le 18 mai 1898, sur proposition de M. Hamar conseiller, les deux jardins publics des Grands-Prés prenaient le nom du regretté maire, M. Jean-Barthélémy Belot (1882/1884 – 1888/1898), square belot second jardin etabli en 1897promoteur de ces deux espaces verts et qui venait de mourir, pour devenir les «Squares Belot».

 

Tandis qu’en novembre 1899, la pose des bordures de trottoirs de chacune des chaussées longeant les jardins s’achevait, en août 1900, le projet d’un mur de soutènement avec son parapet, rive droite du Loir (ici rivière des Grands-Prés), en aval du pont de l’Abbaye, était à son tour lancé.
Si en 1928, le remblai des décombres avait progressé vers l’est d’une quarantaine de mètres, l’avancement de ce comblement prendra fin dans les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale, non sans avoir reçu, notamment, les gravas du quartier incendié en juin 1940.
Le 11 novembre 1968, le nouveau monument aux Morts de la guerre 1914/18, était inauguré à l’angle sud/ouest du premier jardin en remplacement de l’ancien monument érigé, en 1921, carrefour du Pont Chartrain.

square bleriot fev 21 cote loir

Durant les 9-10-11 juin 1986, dans le cadre du jumelage Franco-allemand, le jardin, côté Loir, fut rebaptisé : «square de Gevelsberg», déjà symbolisé depuis le 3 juin 1974 par la plantation d’un «abies Concolor», aujourd’hui disparu.
En 1997, pour rappeler le centenaire de la création de ces deux jardins (1897-1997), un magnifique massif floral, œuvre de deux jardiniers de la ville, avait été dressé dans le jardin central.
Et pour compléter le décor, rive gauche de la rivière Saint-Denis, la pente herbue, qui faisait la joie des enfants du quartier, souvent appelée «pente des Petits jardins» comprise entre le déversoir du Boisseau d’Eau et le pont de l’Islette, se verra à partir de 1953 et ce jusqu’à nos jours, sans interruption, à la saison touristique, et avec un thème différent, embellie par un tableau floral (mosaïculture) du meilleur effet, tout à l’honneur des jardiniers-créateurs municipaux.

 

Note (1) : appelé ainsi, dans un premier temps, car il fut terminé l’année de cette victoire de Napoléon III sur les Autrichiens.
Références : Recherches (archives communales) et
étude personnelles.
Iconographie : deux cartes postales anciennes, (coll. part.) :
Square Belot, premier jardin créé en 1893.
Square Belot, second jardin établi en 1897.

 

Après 1791 et durant tout le XIXe siècle, toute cette partie des Grands-Prés, emplacement des deux squares Belot, notamment, servit de décharge à la ville rehaussant encore le niveau naturel du sol. Car le dénivelé entre la rivière dite «des Grands-Prés» passant sous la porte d’Eau et la rivière dite «Saint-Denis», autrefois bien différente dans son tracé, a toujours existé, sans jamais toutefois se rejoindre. Nous sommes ici à l’extrême pointe nord des Grands-Prés ayant appartenu à la Trinité. Il faudra attendre le XVIIe siècle, pour le sûr, pour que les moines établissent, en accord avec les ducs de Vendôme, le barrage dit du « Dos d’Âne du boisseau d’eau » attesté, pour la première fois, à ma connaissance, en 1614.
Au XXe siècle, jusqu’en 1953, la pente est simplement recouverte d’herbe, sans plus.
1953 : premier tableau en mosaïculture sur la pente des Petits Jardins.
(Voir liste des thèmes, soit 63 années consécutives – à l’exception de l’année 1968 – qui ont illustré cette pente).

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