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Mille ans, le temps d’aimer…

À n’en pas douter, il y aura, dans toute la France dès les premiers mois de 2024, autant de conférences, de références, d’expositions et d’hommages qu’on en voudra… Je préfère donc commencer dès aujourd’hui à distiller d’amusants ou de délicats détails qui ne regardent que nous autres Vendômois et Ligérois, soit dit habitants de la vallée du Loir (tels que le poète lui-même nous met à part dans les récipiendaires de son œuvre).

Entamant cette chronique, j’aimerais me réjouir à voix haute de quatre vers qui viennent conclure la Première partie des Amours de Marie Angevine (la fameuse Marie de Bourgueil du Voyage de Tours). Ils sont si discrets après des kilomètres de rimes sensuelles autant qu’amoureuses qu’ils passeraient presque inaperçus :

Quelqu’un après mille ans de mes vers estonné
Viendra dedans mon Loir, comme en Permesse [rivière mythologique des muses], boire :
Et voyant mon pays, à peine pourra croire
Que d’un si petit champ Ronsard se vante né.

Diable… Mille ans ! Il y va fort, le rosiériste. Quel orgueil devant Marie de Bourgueil ! Mais, à y réfléchir, la moitié de ce temps a déjà passé et, toujours, on l’apprend, on l’étudie, on le récite. Il a bien failli être oublié, cela dit, jusqu’au début du XIXe siècle, quand les Romantiques se sont à nouveau saisis de son œuvre, deux cents ans après que Malherbe vint… Pour piétiner son tombeau. Et la découverte de ses restes un siècle plus tard au Prieuré Saint-Côme de Tours devait relancer sa carrière post-mortem.

Quand « Perrot » nous assène ainsi la certitude de sa célébrité à venir, il est encore un jeune trentenaire et cela est réjouissant de le voir si sûr de lui. Mais, un peu plus haut dans cette dernière Elégie à Marie, il semble conscient qu’il faudra quand-même un peu de temps. Car il versifie en substance, s’adressant à elle, qu’il aimerait qu’un Esprit lui conte dans l’Au-delà « après l’espace d’un long âge » que les siècles n’auront pas oublié ses Amours de Marie…

Et qu’on apprend par cœur les vers et les chansons
Qu’Amour chanta pour vous en diverses façons, […]
Mais – disait-il en métaphore à son livre des Amours de Marie – « il n’est pas ordonné / Du destin, que moy vif [vivant] tu sois riche de gloire »
…Et nous autres, « Vandômois », allons prendre plaisir à bientôt célébrer cette gloire, jaillie d’un « petit champ » que nous connaissons bien !

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