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« Mon Loir à moi » d’Émilien Martin

Le cimetière de Thoré-la-Rochette a ceci de particulier qu’il s’honore à la fois du superbe mausolée du maréchal de Rochambeau et de la tombe plantée d’une vigne d’un notaire poète presque inconnu…

Maître Emilien Martin, né dans ce village, est pourtant l’auteur d’une dizaine d’ouvrages sur les vins de France sous les pseudonymes de La Gautraie et de Monsieur de Sepangueul («cep en gueule» !). Parmi les ceps et les poinçons (1945) en est un, qui contient des hommages appuyés à Thoré et au Loir. Sur sa tombe, son épitaphe s’inscrit dans cette veine : «Homme de lettres, vigneron de cœur, défenseur ardent et qualifié de la vigne et des bons vins de France.»

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Le Recueil illustré
par le renommé Jean-Félix Claudel

Illustré par Claudel

Le recueil d’après-guerre est publié à compte d’auteur, imprimé par Dubois et Bauer à Paris et, surtout, illustré par Louis-Félix Claudel. Cet artiste, qui avait fait ses classes comme graveur sur verre en Lorraine au début du XXe siècle, avait pris en 1925 le virage de la réclame et de l’illustration éditoriale. Affiches, pavés publicitaires, couvertures de livres ou de revues en vogue : rien ne lui échappait. Il est notamment l’auteur des couvertures dynamiques et stylisées de la collection Rouge-gorge qui publiait des romans populaires sous l’occupation. Membre du Comité du livre à l’exposition des arts décoratifs, il a aussi travaillé aux côtés de Paul Valéry et de Francis Carco pour une revue d’art régionaliste publiée à Narbonne.

C’est dire si Me Martin (ou son imprimeur) avait eu du nez pour le choix des illustrations, bicolores en couverture et en noir à l’intérieur ! Les textes ainsi accompagnés y prennent une valeur sûre. Des poèmes simples, en rimes riches, qu’on appréciera davantage pour l’amitié qu’ils expriment au pays vendômois que pour la littérature à proprement parler.

Un amour pour Thoré

Mon Loir à moi en est un pur exemple, où Lavardin fait écho à Châteaudun, et «la nature» à «la Bonne Aventure». Dans cette succession de quatrains, Monsieur de Sepangueul nous fait descendre le Loir et redit son amour du vin et de ceux qui l’élèvent, citant au passage les coteaux à vignes, bien connus déjà de Ronsard : le Breuil, Saint-André, et autre Prépatour. Tout le charme de ce poème retrouvé se lit entre les lignes, aussi bien que sa reconnaissance à Thoré dans le poème éponyme… Thoré qui le porta naturellement sur les fonts baptismaux du divin breuvage :

C’est un petit pays qui n’a rien de caché
Et dont tout le terroir s’aperçoit du clocher
Avec ses prés, ses bois, ses labours et ses vignes.
Et voici un court extrait de Mon Loir à moi :
Après avoir surpris l’aurore à Châteaudun
Et miré Fréteval dans son eau transparente,
Le Loir a reflété Vendôme et Lavardin
Et porté vers Montoire une clarté mourante.
[…]
Et partout des iris, des joncs et des roseaux.
Des moulins :
Rochambeau, Chantereine, Varennes,
Qui révèlent au val la complainte des eaux
Et l’apprennent aux gens des Roches et d’Areines.
… Tout le Vendômois s’y retrouve !

(merci à Claudette Saulnier de Thoré-la-Rochette)

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