Petit pays, je t’aime beaucoup…
La Ronsardie déroule ses coteaux, ses vignes, ses sources et ses rivières aujourd’hui comme il y a 500 ans. Cherchez le Vendômois dans les vers !
Encore aujourd’hui dans quels écrits pourrait-on trouver meilleures descriptions de notre petit pays que celles qu’en fait Ronsard ? J’ai beau chercher – y compris dans la prose souvent habile des offices de tourisme, je ne trouve pas… Et c’est tant mieux.
Car il m’est toujours agréable de me plonger dans telle ou telle ode et de dénicher un nom de lieu ou de village, l’eau d’une source ou de nos rivières, lesquels je n’avais pas encore remarqués ou, tout simplement, qui m’étaient sortis de la tête.
Ainsi ce panoramique inégalé du «terroir Vandomois» du poète déroulé pour son ami Guillaume Des Autels, autre poète qui fait alors partie de la Pléiade :
Deux longs tertres te ceignent, / Qui de leur flanc hardi / Les Aquilons contraignent, / Et les vents du Midi. / Sur l’un Gastine sainte, / Mère des demi-Dieux, / Sa teste de verd peinte / Envoye jusqu’aux Cieux, / Et sur l’autre prend vie / Maint beau cep dont le vin / Porte bien peu d’envie / Au vignoble Angevin. / Le loir tard à la fuite / En soi s’esbanoyant, / D’eau lentement conduite / Tes champs va tournoyant, / Et rend en prez fertile / Le païs traversé / Par l’humeur qui distile / De son limon versé.
Tout y est : les coteaux qui nous abritent du vent et portent nos vignes, la forêt de Gâtines (bien diminuée, certes), les fertiles cultures qui ont donné son nom à Couture, le village natal… Et notre Loir paresseux que le poète oppose par ailleurs à «[toi] Braye qui roules / En tes eaux fortement» alors qu’il pense à sa fin comme l’écrivit jadis en latin son père sur les élégants linteaux de La Possonnière.
C’est dans cette ode «au païs» que ces derniers vers s’alignent, colorés de tristesse et de nostalgie, déjà :
Adieu fameux rivages / De bel esmail couvers, / Et vous antres sauvages, / Délices de mes vers ; / Et vous riches campagnes, / Où presque enfant je vy / Les neuf Muses compagnes / M’enseigner à l’envy.
Et savez-vous pourquoi l’homme à la rose parle de «fameux» rivages ?
Fameux grâce à lui, toujours ! En 1550, ce ne sont qu’orgueil et prétention, mais aujourd’hui, il aurait raison !