Pris dans la toile et par les mots
Certains surfent non-stop sur leurs écrans. D’autres préfèrent ne pas lâcher leur pinceau ou leur crayon. C’est le choix judicieux de l’artiste Jean-Gilles Badaire.
Si vous allez à une visite conférence en présence de l’artiste Jean-Gilles Badaire au Musée de Vendôme, ne lui demandez pas s’il a vu la dernière appli Art contemporain, le langage du smartphone ne colle en rien à sa philosophie. Il a quand même un téléphone portable, mais uniquement pour parler ou écouter… un point c’est tout.
En revanche ,si vous avez envie de rejoindre son univers des mots, de la poésie, de la mythologie, son monde mystique, sachez que cet homme là, un vrai pur natif de Bourges, a commencé à créer son petit univers dès ses sept ans. Sans trop prendre de place, vu qu’il vivait avec son père dans une toute petite maison de garde-barrière, l’enfant ne pouvait s’étendre sur un grand bureau. C’était plutôt du style : petit coin de table, mais déjà le crayon rejoignait le pinceau. L’utilisation des matériaux pauvres, cendre, foin, cambouis, huile de vidange, matière brutes dans la lignée de certains adeptes du «Bad painting».
Il n’a rien changé au fil des années même en étant édité dans une bien jolie maison, même en étant l’artiste invité du Domaine national de Chambord en 2012 où nombre de visiteurs ont pu découvrir l’immensité de son talent. Un réel miracle pour J.G Badaire qui durant vingt ans à travaillé pour subsister au Domaine de Chambord. Une force de caractère habite le peintre, poète, écrivain. Rassurons-nous la poésie a encore des belles perspectives. Pour preuve, Jean-Gilles travaille sur les poèmes d’Apollinaire, Victor Segelen, Julien Gracq. Tant mieux, ainsi les jeunes enfants peuvent les découvrir.
Car l’artiste accroche l’oeil bien au delà de l’invisible. On aime à s’attarder devant ses grands carnets exposés dans les vitrines. Chaque jour, après ou pendant son petit café du matin, cet homme tout en force pour son travail, réalise un dessin. Sur la page de gauche, la date. Il avance ainsi comme dans un carnet de route. Sur la page de droite, plein pot le dessin semble déborder. On peut voir non pas l’image du jour mais la peinture du jour. On regarde ce journal d’écrivain et on s’aperçoit qu’il s’agit du journal d’un peintre. Pas de croquis, ni d’esquisses, mais des carnets de plus en plus grandes tailles, des portraits, des fleurs, des herbes folles, un animal, toutes les feuilles sont datées…
La promenade est à voir au Musée de Vendôme et se déroule dans le temps, de 2012 à 2016. Accrochées sur les murs, des feuilles de carnets, arrachées à leurs spirales, sur les grands formats des bouquets, des visages et des paysages. Cet artiste aime la Loire et il y réside. Il la voit tous les jours. Alors regardez bien les petits croquis près de la fenêtre. Ils sont très représentatifs de la poésie de Jean-Gilles Badaire.
A voir jusqu’au 18 juin 2017. Entrée gratuite
Musée de Vendôme, cour du Cloître. 41100 Vendôme
tél: 02 54 89 44 50
Texte : Catherine Taralon
Photos : Marc Broussard