BAUDELAIRE, et la recherche du Beau, conférence-poésies par Claudie LECOEUR, vendredi 19 juin 2015
«Le beau devrait être l’unique ambition de l’artiste, le but exclusif du goût». Cette définition de l’art, Charles Baudelaire s’efforça de la respecter toute sa vie. Le beau est un besoin, il est naturel, inné, instinctif, gouverné par la sensibilité, la vérité. Ne perdons pas ce sens du besoin plus essentiel que celui du devoir qui lui est imposé. De même que la laideur ne ment pas, ne se farde pas, donc elle est belle. Voici la beauté dans le mal, l’opposition au bien dénaturé. Les seules règles, les seules morales sont celles de l’esthétisme et l’on peut peindre les pires monstruosités pourvu que la couleur, le mouvement, l’harmonie, le style concordent merveilleusement à définir le beau dans ce qu’il a de sublime et de supérieur au banal.
Le poète soutiendra cette idée par des révélations telles que celle-ci :
«C’est un privilège prodigieux de l’art que l’horrible artistiquement exprimé devienne beauté» ou encore : « je ne prétends pas que la joie ne puisse pas s’associer avec la beauté, mais je dis que la joie en est un des ornements les plus vulgaires, tandis que la mélancolie en est, pour ainsi dire, l’illustre compagne à ce point que je ne conçois guère de type de beauté où il n’y ait du malheur»
Ainsi Charles Baudelaire se complet dans le paradoxal, l’inaccessible, et savoure le désespoir comme un élixir de vérité et d’inspiration
« J’ai trouvé la définition du Beau, de mon Beau, disait-il, c’est quelque chose d’ardent et de triste … »
Symboliste déterminé, il puise la puissance de son inspiration des bas-fonds de l’humanité et la transplante dans son art, créant l’harmonie dans le désordre, la beauté dans l’horreur. Baudelaire dont le principe fondamental fut d’expliquer la vérité avec élégance, sans tenter par quelque subterfuge d’embellir le chardon ou l’ortie, sut en retirer avec éloquence et sensibilité l’authentique et essentielle beauté.
Claudie Lecoeur