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Tous ces mots que Ronsard nous lègue !

Nous ne pourrions faire un schéma ou des courbettes, suçoter notre stylo pour écrire une strophe, fertiliser, sangloter, amadouer ou fêter carnaval sans l’imagination du poète. Ronsard est l’inventeur avéré d’une bonne soixantaine de mots français !

J’ai retrouvé le mois dernier une longue liste de mots que j’avais arrachée à mon Larousse étymologique préféré au fil du temps et qui sont attribués à Ronsard. Il n’est pas le seul à m’intéresser, d’ailleurs, et Rabelais comme Du Bellay furent aussi de grands contributeurs de la langue française moderne. Le 500ᵉ anniversaire m’incite à vous en livrer quelques-uns, sur la quantité. Sans exagérer, je pense que notre poète national nous accompagne au moins une fois par jour dans nos écrits ou conversations.

Il n’a pas de thème particulier, il a tout simplement inventé les mots selon ses besoins, parfois même pour rimer. La facilité, bien sûr était de franciser des mots latins ou italiens, très à la mode à l’époque. Ce que nous devrions faire aujourd’hui avec les anglicismes et que nous ne faisons pas, au contraire de nos cousins québecois !

Mousquet et molosse…

Ainsi lui devons-nous des mots qui s’associent volontiers : altesse et courbette, galbe et charmant, criailler et sangloter, schéma et strophe, mais aussi l’anche des instruments à vent, dialecte, fertiliser, flanquer, puritain, le genièvre de notre choucroute, glouglouter, molosse (chien du pays des Molosses), mousquet, pincement, fielleux, panacée, puritain, frisotter et tant d’autres !

Beaucoup de mots ronsardiens – même s’ils sont descriptifs – nourrissent volontiers la littérature ou la poésie. C’est un bonheur d’en faire la liste : nectar, baisoter (faire des petits baisers), fugace ou son contraire : le verbe éterniser ! Et puis gaze, voile léger qui viendrait de la ville de Gaza, saturnien (enclin à la mélancolie), la délicieuse avette qu’on remplaça par mouche à miel puis abeille et – bien sûr – la Pléïade qu’il nomma ainsi parce que la Brigade des poètes d’origine était passée à l’effectif de sept, même nombre que les étoiles de la constellation de ce nom.

Des étoiles qui permirent à la poésie française de réunir ses plus grandes… stars !

Mais Ronsard, en tant que chef de file, avait une haute idée de lui-même puisqu’il inventa «âmelette ronsardelette». Il ne savait pourtant pas, que nous poursuivrions le travail avec ronsardien et… Ronsardise(s) !

Retenir en s’amusant

12 mots : L’avette fugace suçote le genièvre fertilisé pour en faire son nectar près de l’eau poissonneuse qui glougloute et sanglote une odelette saturnienne en son dialecte.

12 mots : Un fielleux prince charmant de carnaval portant mousquet fait des courbettes et dit des strophes à son altesse puritaine pour l’amadouer, la baisoter, s’éterniser plus d’un semestre.

 

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