Un 29 février au quart de tour !
Tous les quatre ans, c’est une date qui intrigue. Un peu comme un vendredi 13 ou la Saint-Jacques un dimanche (**). Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Elle a aussi ses anecdotes.
Si l’on ne comptait que leurs anniversaires, l’acteur Gérard Darmon aurait à peine 19 ans et le chanteur Cheb Khaled ne serait qu’un ado ! Car, comme Rossini, Balthus et Michèle Morgan, ils sont nés un 29 février, cette date improbable qui revient tous les quatre ans (mais il y a des exceptions qui confirment la règle).
Nous voici justement dans l’une de ces fameuses années bissextiles, ainsi nommées par les Romains parce que le jour dédoublé à l’époque était le sixième avant la fin de l’année qui se terminait alors en février. Bisextus : deux fois le sixième en latin. Déjà, ils s’étaient rendu compte que la terre ne tournait pas aussi rond qu’on voulait bien le croire et tentaient de réajuster le tir. On a découvert depuis qu’elle effectuait, chaque année, un quart de tour supplémentaire après le 365ᵉ autour du soleil.
Travailler plus
Le 29 février fait toujours causer. Les salariés ne l’apprécient guère quand il tombe en semaine (cette fois un jeudi). Mais ils se taisent, car les ponts du mois de mai permettent souvent un rattrapage. Cette année, les ouvrages d’art du printemps forment un réjouissant viaduc avec le 8 mai qui affiche la politesse de veiller le jeudi de l’Ascension et son week-end assorti, une semaine après la fête du travail et la fin des vacances de printemps chez nous !
De leur côté, les adeptes des « nombres des anges » préviennent que ce 29 répété dans votre vie est un signe de changement de cap, de confiance et d’ouverture aux autres… À prendre ou à laisser. Plus prosaïquement, 29, c’est aussi la quantité d’os relevée dans notre crâne d’Homo sapiens, le numéro chimique du cuivre et, bien sûr, le nombre approximatif de jours dans le mois lunaire qui régit tant de choses sur notre bonne vieille terre.
Sapeur Camember
Cela forcerait le célèbre Sapeur Camember à se gratter le crâne, justement. Le dessinateur et très spirituel Christophe, son créateur en 1890, l’avait fait naître le 29 février 1844 du côté de Lure, en Haute-Saône. Une sorte de pompier-soldat du Second Empire un peu bêta, mais sympathique qui prend souvent les ordres de ses supérieurs au pied de la lettre, avec les conséquences loufoques qu’on peut imaginer. À Lure, la Confrérie du Sapeur fera donc la fête ce mois-ci pour célébrer les 180 ans – pardon : les 44 ans — de la célébrité locale, en organisant notamment des Z’Olympiades. Car cette ville – le croiriez-vous ? — est pleine de joyeux Lurons !
La Bougie du Sapeur
Vous comme moi pourrez pendant ce temps vous rendre à la maison de presse la plus proche pour donner 5€ contre le numéro 12 de l’indispensable Bougie du Sapeur, journal paraissant tous les 29 février qui fait justement référence au héros de papier. Un périodique à collectionner depuis 1980 et dont le rédacteur en chef bénévole assure qu’il est «un conservatoire de l’humour gaulois». Si vous le payez par chèque, le vendeur devra l’encaisser avant le 28 février 2025, date limite légale de sa validité.
Quant aux Auguste fêtés le 29 février, les plus connus s’attablent peut-être ensemble ce jour-là dans les limbes : l’empereur artisan de la Pax Romana, Renoir et Rodin, Comte (père du positivisme et de la sociologie moderne), avec le Grand Escoffier aux fourneaux… Tous ainsi prénommés, les quatre derniers à la mode du XIXe siècle.