Chauffage au bois, un développement qui a ses limites
Évolution exponentielle du prix des énergies fossiles (gaz et fioul) et électrique, incertitude pour la permanence et de la constance de leur approvisionnement… tout concourt au développement du recours au bois pour le chauffage de nos habitations.
Pour preuve, entre juillet 2021 et juillet 2022, le prix du MWh en électricité a été multiplié par 4,4 ; celui du gaz par 3,8 ; le prix du baril de pétrole par 2,6 et le prix du bois à la tonne par «seulement» 1,9.
Une augmentation contenue mais une augmentation significative tout de même. Là encore tous les types de bois ne sont pas logés à la même enseigne. Mais, selon son mode de chauffage, on ne peut pas forcément choisir. Hors le poêle de masse qui accepte tout type de bois (une montée rapide à haute température une fois par jour puis c’est la masse qui restitue la chaleur progressivement), inserts, cheminées et poêles à bois sont alimentés avec des bûches de feuillus tandis que les poêles à pellets brûlent exclusivement du granulé de bois principalement résineux.
Les bûches
Pour une maison neuve parfaitement isolée, il faut compter quatre à cinq stères de bois par an. Pour une maison ancienne, c’est plutôt le double. Aujourd’hui, en Loir-et-Cher, le prix du stère varie entre 60 et 90 € selon la longueur (50, 33 ou 25 cm) avec un minimum de livraison de quatre à cinq stères. Pour une commande aujourd’hui, le client sera livré en début d’année 2023 tant les fournisseurs sont sollicités. Le prix a progressé de l’ordre de 10 % compte-tenu de l’augmentation des produits pétroliers (carburants et huiles), de l’électricité mais aussi des matériels et pièces détachées.
Le pellet
La consommation annuelle d’un foyer est comprise entre 1 et 1,5 tonne. Le plus communément vendu en sac de 15 kg dont le prix est compris entre 8 et 13 €, le pellet présente, cette année, des difficultés d’approvisionnement et la plupart des fournisseurs rationne les clients à une tonne par foyer par exemple.
Globalement, jusqu’en 2020, la France était auto-suffisante en pellets avec une production et une consommation de 1,8 million de tonnes. Or, depuis l’année dernière, cet équilibre est rompu. La consommation est désormais de 2,4 millions de tonnes. En 2022, l’importation nécessaire représente 16 % du marché. Cet état de fait pousse la filière à se fixer des objectifs de développement de sa production avec une augmentation d’un million de tonnes en 2024 et le doublement de celle-ci en 2028. Pour autant, l’atteinte de cet objectif est compliquée par la composition même du pellet qui, jusqu’alors, utilisait quasi exclusivement du résineux qui ne représente, en France, que 36 % de la couverture forestière. Une récente étude, Gramix, a mis en exergue la possibilité d’exploiter le feuillu dans la production de pellet (à l’exception du peuplier).
Il restera cependant à analyser finement le ratio pertinent entre le volume de bois utilisé, le repeuplement et le temps de pousse !