Économie et sociétéÉconomie en Vendômois

Et le nucléaire dans tout cela ?

L’annonce de l’entrée en service (enfin) de l’EPR de Flamanville 3 remet en lumière la question de l’électricité d’origine nucléaire dont la réputation se fait moins sulfureuse depuis la guerre en Ukraine et la flambée des cours.

Henri Ripoll, patron d’Idéalex, entreprise spécialiste de la protection radiologique à Vendôme, vulgarise, pour Le Petit Vendômois, la complexité de cet univers mythique.

«Chacun reconnaît que les moteurs électriques sont moins polluants que les moteurs thermiques. Très bien mais encore faut-il savoir comment est produite l’électricité ! Pour l’exemple, une voiture thermique est moins polluante qu’une voiture électrique dont l’énergie serait issue d’une centrale à charbon.»

Et, cette comparaison peut s’affiner jusqu’aux électricités considérées « bas carbone » (ce qui n’était pas le cas du nucléaire en Europe jusqu’à ces dernières années). Ainsi, un kw produit via l’éolien représente 100 g de CO2, avec le solaire, c’est 60 g et 12 g avec le nucléaire.

«Avec dix-huit centrales, nous avons l’un des plus grands parcs au monde. Et la compétence qui va avec. Certes, Flamanville a pris du retard mais il n’y avait pas eu de mise en service de la sorte depuis vingt-cinq ans alors qu’avant nous en lancions tous les deux ans. Il a fallu remonter en compétences notamment avec les critères de sécurité qui sont les plus élevés du monde. Sans être excessif, nous avons la chance d’avoir, avec le CEA, le plus grand centre de recherche au monde. Avec des applications pour l’énergie et pour l’armement mais aussi pour la médecine pour laquelle de très grands progrès ont été réalisés en matière de traitement du cancer.»

Le risque est loin d’être anodin mais il ne faut pas confondre la production d’énergie et l’armement «Cela fait partie des éléments à démythifier. Les bombes sont essentiellement à base de plutonium et non d’uranium comme dans les centrales. Pour produire de l’énergie, on enrichit l’uranium entre 4 et 7 %. Il faudrait l’enrichir à 90 %. Quant aux accidents type Tchernobyl ou Fukushima, il s’agit pour le premier d’une erreur humaine qui a consisté à pousser le réacteur au-delà des limites et, pour le second, d’un accident climatique pour lequel on peut questionner le choix de l’emplacement de la centrale en question.»

La question du traitement des déchets reste la grande interrogation «Le principal objectif est de réduire au maximum les déchets produits et, notamment, en utilisant le minerai au maximum. Pour autant, la question est plus large. Comment continuer à consommer de l’énergie, voire de plus en plus compte-tenu de l’évolution des besoins, en polluant le moins possible à court, moyen et long terme  ? » Parmi les différentes options, il y a également la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires. Originellement prévues pour trente ans, elles ont vu leur existence prolongée de dix ans avec le plan national « grand carénage » et il est même imaginé d’accroître encore ce délai. Aux États-Unis, la perspective est d’engager un programme leur permettant d’atteindre le demi-siècle. Avec des opérations de maintenance régulières et fiables, cette économie de construction permettrait aussi de réduire le volume de déchets à traiter.

Pour suivre la consommation et la production en temps réel des pays communiquant sur le sujet, le site electricity maps est une référence.

Le Petit Vendômois

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