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La pizza de minuit

À l’instar des distributeurs de pain (Cellé, Trôo…), voire de repas complets, comme à Vendôme (Guillimatic), qui fleurissent désormais dans nos campagnes, les distributeurs automatiques de pizzas font le bonheur des travailleurs de nuit, des fêtards qui prolongent l’apéro ou des copains en goguette.

Certaines machines livrent une version industrielle de l’icône italienne, limite galette en carton. D’autres prennent le contrepied pour mitonner une recette artisanale. Pour ce faire, pas de secret, il faut mettre la main à la pâte. Car deux versions s’opposent. Au départ était le surgelé. Un disque infâme, des ingrédients rares et sans saveurs, peu convaincant. Alors certains fabricants de machines ont revu leur copie. Le but : mettre à disposition des artisans un distributeur qui leur permettrait de délivrer une belle pizza, avec une pâte croustillante, des ingrédients frais et souvent locaux. Et ça marche !

Installée depuis trente ans avec son camion, Florence, de Pizza Donatello, a initié le mouvement, elle a basculé dès 2018. Quatre minutes pour la version chaude et quelques secondes pour une pizza froide, un concept qui répond bien à l’immédiateté de l’époque et à la transformation de nos campagnes. Mais un investissement de plusieurs dizaines de milliers d’euros tout de même et une gestion rigoureuse : « L’approvisionnement est quotidien. Nous rechargeons la machine tous les jours avec des pizzas fraîches, car elles partent très vite. »

Des champignons frais

En revanche, toutes les recettes ne sont pas accessibles : « Pas de poisson pour des raisons de conservation et d’odeur. Pas d’œufs non plus ni de tomates fraîches, ce qui nous restreint à quatre choix dans le distributeur… », explique Florence. Théoriquement, les champignons font partie de cette liste noire, du moins ceux qui nagent en boîte. Mais Florence s’approvisionne à côté de chez elle, chez Letocart, son voisin producteur de : « Les champignons frais s’accommodent parfaitement au distributeur », se félicite la pizzaïola.

Pendant ce temps, inlassablement, Mélanie, sa fille, œuvre au camion posé devant le U-Express de Montoire pour préparer la recharge. La pâte virevolte, la farine s’envole, on a du mal à compter ses mains tellement ça va vite. Le savoir-faire de l’artisan sans doute. Elle s’attache en même temps à servir les nombreux clients qui se précipitent sur le food-truck à l’occasion de leurs courses. Un partenariat intelligent avec U, initié dès 1992 pour le food-truck, puis développé pour le distributeur avec Jérôme et Flo, les anciens gérants, et qui perdure depuis avec Stéphane, l’actuel franchisé.

Peu enclins à défendre la cause d’un robot ou des industriels qui les fabriquent, nous avons testé plusieurs recettes au distributeur, à des heures et des jours différents. Et nous avons comparé avec celles servies au camion. Bluffant. La pâte, les sauces, les fromages, la viande, le jambon, les champignons… qualité indéniable. Grazie mille signora !

Plus d’infos : distributeur Donatello, parking U-Express à Montoire

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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