La vanne de la discorde
Bernard Biette, 77 ans, riverain du Loir à l’ancienne papeterie de Montrieux, ne décolère pas contre l’ex-SieraVL, le syndicat de gestion du Loir et de ses affluents, aujourd’hui dissout et pris en charge par la Communauté de communes d’Agglomération Territoires Vendômois au titre de la compétence «gestion des milieux aquatiques».
«Cela fait 30 ans que je m’occupe du Loir et de la retenue d’eau de l’ancienne papeterie de Montrieux. Je le fais avec plaisir même si je sens bien que j’ai vieilli» annonce d’emblée Bernard Biette, retraité de La Poste et qui a vécu toute sa vie sur la commune de Naveil-Montrieux. En effet, Bernard n’est pas avare de travail pour entretenir ce barrage, ramassant toute l’année en barque les branches et objets flottants qui viennent se bloquer dans l’ouvrage. On sent bien sa nervosité face à l’incompréhension des services de la communauté qui gère dorénavant le Loir. «Si on supprime le barrage, la ville de Vendôme, Meslay, Saint-Ouen et Areines n’auront plus d’eau dans le lit de la rivière et le peu qu’il restera, passera sous les fondations des maisons qui longent les rives» signale t-il.
Une retenue d’eau classée d’utilité publique
Un arrêté, datant du 18 octobre 1862 et encore d’actualité, stipule bien que cet ouvrage est d’utilité publique et non à la charge du propriétaire. «Pendant longtemps les services nous ont dit que nous devions l’entretenir et, le cas échéant, engager des frais pour le réparer. Mais, aujourd’hui, c’est à eux de faire ce travail. Dernièrement, des hommes grenouilles sont venus l’inspecter mais je sais bien que depuis 18 ans, la vanne pour réguler le débit ne marche plus, la crémaillère est dans l’eau et vous avez 300 tonnes d’eau qui poussent dessus. Si ça s’ouvre, Vendôme n’a plus d’eau. Nous sommes dans une logique comptable à l’heure d’aujourd’hui, on subventionne la suppression mais pas les réparations alors, pour leur portefeuille, il vaut mieux que les gestionnaires du Loir programment une élimination de l’ouvrage. Adieu les cormorans et les hérons qui mangent près de 500g chacun de poisson par jour. Car, s’il n’y a plus d’eau, les poissons disparaîtront également» s’inquiète Bernard. Regrettant également que les propriétaires n’entretiennent plus leur bord de Loir, il demande à ces mêmes riverains dans une lettre de vérifier en sous-préfecture, en mairie ou autre si les ouvrages et barrages ne soient pas enregistrés comme celui de Montrieux sous la dénomination d’Utilité publique donc à la charge des collectivités.
Bernard Biette ne lâchera pas, c’est un homme têtu, mais qui reconnaît tout de même qu’il a retrouvé depuis quelques temps la propreté du Loir qu’il avait connu il y a 70 ans quand, enfant, il se baignait dedans. Il souligne les efforts en termes de dépollution qui ont été faits depuis 20 ans, permettant ainsi d’avoir une eau bien plus pure qu’auparavant.