L’antiquaire de Valennes a conquis les célébrités
Antiquaire de nombreuses vedettes dans sa vie d’avant, Vincent Perini fait des miracles de restauration dans le secret de sa boutique-atelier près de Saint-Calais.
A Valennes (72) se sont installés il y a une dizaine d’années Laure et Vincent Perini. Tous deux passionnés de belles antiquités, ils étaient faits pour se rencontrer.
Vincent est né dans la marmite, comme il dit. « Mes parents étaient du métier, je chinais déjà avec mon père à 5 ans ! À l’école, mes profs me voyaient comme un artiste, j’étais doué pour le dessin, le modelage. »
Un grave accident le stoppe à 15 ans. Il a le corps brisé, doit être rééduqué pendant deux ans. « J’étais alors apprenti boulanger, j’ai passé mon diplôme de pâtissier en fauteuil ! » il se classe 9e en finale d’un championnat de chocolat. Ainsi, ses blessures, les 32 opérations qu’il a subies n’ont pas entamé son moral de gagnant. Au contraire, il trouvera finalement sa voie véritable : la restauration d’objets d’art à l’image de celles dont son corps a bénéficié.
Omar Sharif et Johnny
Ayant repris la boutique de ses parents à Cormeilles dans l’Eure, il donne enfin libre cours à son talent et à son goût pour l’artisanat d’art à la la française. Il décroche le diplôme de restaurateur de faïence et porcelaine à l’École Drouot à 28 ans. Les signatures Gallé, Massier (Vallauris), Royal Dux, Claudion (XVIIIe), les verres de Murano n’ont plus de secret pour lui. Dans cette campagne entre Paris et Deauville, les vedettes en goguette se bousculent pour dénicher l’objet rare, lui demander conseil : Pierre Perret, Omar Sharif dont l’épouse collectionne les carafes émaillées, Charlotte Gainsbourg, Sophie Marceau qui finit par prendre l’habitude d’emmener la fille de Vincent au marché, et aussi Johnny Halliday dont une visite impromptue voit se masser 100 villageois devant la boutique ! « Johnny, quand je lui ai livré chez lui le cadeau pour le mariage de David en 1989, il m’a offert l’apéro et on a parlé boxe… C’est mon plus beau souvenir » raconte Vincent.
Une « Picassiette » à 250 000 F
Quant à Victor Lanoux, le fameux « Louis la brocante » qui a tant redoré le blason du métier, il demande un jour à Vincent de lui montrer le fonctionnement de machines de menuiserie qu’il vient d’acheter. Il y a aussi Nathalie Rheims. La productrice de Haute curiosité le fait travailler pour cette émission d’art sur Antenne 2 présentée par son propre père, ex commissaire-priseur, futur académicien, avec Claude Sérillon. Elle loue en lui « une grande maîtrise et beaucoup de précision. »
Le talent de Vincent Perini est de rendre invisibles les restaurations qu’il prodigue à des pièces souvent de grande valeur. Comme cette faïence signée Picasso qu’un collectionneur a pu revendre ensuite 250 000 francs (40 000€) à Drouot ! Ou cette Marie-Antoinette dont il a refait la bouche et le nez du même marbre. Sa préférence va cependant aux époques Napoléon III, Art déco et art nouveau. Son atelier est rempli d’œuvres accidentées, centenaires et plus vieilles encore… Il les fera toutes revivre de ses doigts d’or.
Comme la vie l’a réparé lui-même.