« Le cinéma est une fête ! »
Acteurs, producteurs, distributeurs, directeurs de salle, tous s’accordent sur une crise du cinéma inédite. Jacques Henriot, gérant de Ciné Vendôme depuis trois décennies, livre une analyse plus nuancée. Coup de projecteur.
Vu de Vendôme, quel est votre sentiment sur les difficultés que traverserait le cinéma actuellement ?
Assurément il y a une crise du cinéma, mais elle est due notamment au Covid, à l’Ukraine, aux plateformes, à la pénurie de carburants, autant de facteurs qui ont participé à une baisse de la fréquentation. Jusqu’à moins 30% pour nous au plus fort des événements par rapport à 2018/19. Mais, en réalité, ce n’est pas une crise, c’est un arrêt. Car ce qui a fait défaut, c’est le manque de films à diffuser. La production s’est arrêtée et les distributeurs ont été frileux pour ressortir des films. L’offre n’étant plus là, sachant qu’il nous faut 10 à 12 films dans l’année pour sauver les meubles, le public s’est détourné du cinéma. Cependant, aujourd’hui, la situation est en passe de s’améliorer. Ça reprend tranquillement sa vitesse de croisière. On a désormais une offre adaptée à la demande.
Le cinéma n’est-il pas devenu trop cher, en particulier pour les familles ?
Le prix moyen à Ciné Vendôme est de 6,30 euros ! Nous faisons en sorte de rester abordable. On sait que le public ne vient pas à des prix exorbitants. Sur certaines salles, en région Centre, la place peut monter à 21 euros ! C’est notre contribution au volet culturel et à l’attractivité de la ville de Vendôme.
Y a-t-il un problème de programmation ?
Jusqu’à maintenant, on manquait de films porteurs. On a besoin de locomotives pour faire venir les gens, de productions qui vont nous faire vivre tout au long de l’année. En ce moment, Black Panther marche bien, Simone également, Novembre et quelques films pour enfants. Même si, hormis ces grosses productions, nous nous attachons à programmer plein de bons films qui s’adressent à un public restreint.
Une recommandation pour un film familial pour les fêtes ?
Le Chat Potté va arriver, Avatar 2, Le Petit piaf de Gérard Jugnot, I wanna dance, un biopic de Whitney Houston. Pour les petits, Ernest et Célestine et Le Royaume des étoiles. Beaucoup de choses à voir donc. En revanche, pour cette fin d’année, Disney a déserté nos écrans. Et nous continuons bien sûr nos séances d’art et d’essais.
Des craintes pour l’avenir, en particulier pour vous, à Vendôme ?
Non, pas particulièrement. Nous avons la chance d’avoir une ville hyper active, où il se passe plein de choses, plein d’événements, organisés par la ville et les associations, avec une industrialisation plutôt florissante en ce moment. L’avenir à Vendôme est donc assez engageant, nos annonceurs et nos clients sont fidèles, même si Blois est un concurrent sérieux. Je ne suis pas inquiet !
D’autant qu’on a tout fait pour accueillir le public dans les meilleures conditions avec des investissements à la hauteur, un lien fort avec les comités d’entreprise, des cartes d’abonnement, tout en maintenant des prix bas. Vendôme, sans le cinéma, serait un peu plus triste… Les gens se font plaisir en se rendant au cinéma. Plus qu’une sortie, le cinéma est une fête !