Le nouvel âge des marchés de producteurs
Malgré les nombreux dégâts occasionnés par la crise sanitaire, celle-ci a néanmoins suscité quelques conséquences positives, parmi lesquelles l’on peut citer le retour des consommateurs vers une alimentation plus saine et plus équilibrée, trouvée auprès des producteurs locaux. Ceux-ci ont accéléré leur organisation, notamment grâce à des plates-formes telles que «Local Bio» ou encore «Saveurs 41» et «Agrilocal 41», ces dernières mises en place par le Conseil départemental de Loir-et-Cher.
Avec le concours de municipalités dynamiques, des petits marchés ont été mis en place pour favoriser les rencontres avec les consommateurs, ce qui constitue un retour aux pratiques d’autrefois. Si chacun connaît les marchés de Vendôme ou de Montoire-sur-le-Loir, dans le Vendômois proche, quatre manifestations de ce type ont vu le jour : à Couture-sur-Loir, à Naveil, à Lancé et à Selommes, sans oublier dans la Sarthe, à Loir-en-Vallée, sur l’autre rive du Loir, un «drive» de producteurs qui prend une ampleur croissante.
Alors que le confinement compliquait considérablement les problèmes de ravitaillement, les habitants des zones rurales ont découvert, ou redécouvert, le bonheur de fréquenter ces marchés où les producteurs de proximité viennent vendre le fruit de leur travail. Ainsi que le souligne Philippe Mercier, qui a lancé, fin juillet, une telle manifestation dans la commune de Vallée de Ronsard : «le problème n’est pas tant de mettre en place ce type de réunion que de le pérenniser. Pour cela, il est nécessaire de susciter une attractivité permanente, en apportant régulièrement des nouveautés. Partant de ce principe, nous avons décidé de créer, chaque mois, un marché à thème : ainsi les vendanges seront-elles à l’honneur le quatrième dimanche de septembre. Les marchés des quatre bourgs ne se tiennent pas le même jour et ont une périodicité différente, ce qui va permettre de travailler en réseau et d’offrir aux exposants une possibilité de rotation entre les uns et les autres.»
A Couture-sur-Loir, le marché a lieu deux fois par mois, le dimanche ; à Naveil il est organisé tous les jeudis matins ; à Lancé, il se déroule les vendredis soirs autour du bar associatif ; à Selommes, enfin, il se tient une fois par mois, le dimanche matin. Des animations, par exemple musicales, peuvent se greffer sur la manifestation et contribuer à attirer le public.
Si l’on se réfère à celui de Couture, lancé pendant la période estivale, ce dernier a connu d’emblée un vif succès qui, non seulement, a contribué à la notoriété de la commune de Vallée de Ronsard, mais a aussi incité les exposants à revenir ; le bouche à oreille a propagé la satisfaction unanime des producteurs comme celle des clients, ce qui constitue un terreau favorable à la réussite.
Les acheteurs sont sensibles à la fois à la qualité des denrées, à leur fraîcheur et à la proximité de leur lieu de production, donc à leur traçabilité, toutes choses qui assurent la sécurité alimentaire. Ils apprécient également l’ambiance conviviale, l’accueil chaleureux qui leur est réservé ainsi que la possibilité de se retrouver ou même, parfois, de faire à cette occasion la connaissance de leurs voisins.
Dans un monde où toutes les relations sont dominées par le virtuel, phénomène accentué par la crise sanitaire qui a fait disparaitre de nombreuses occasions de rencontres festives, sportives ou amicales, et où même les réunions de travail se déroulent souvent par voie de visioconférence, l’humain va prendre une importance d’autant plus considérable. Ces marchés de producteurs peuvent être vus comme un retour à la terre nourricière, à ce plaisir simple qui consiste à manger de bons produits. Faire son marché devient une parenthèse bienvenue au milieu du stress quotidien.
Xavier Campion