Regard posé en VendômoisÉconomie et société

Motards, la saison froide est arrivée

Deux poignées, deux roues, deux bras, deux yeux, mais une seule vie. Et deux types de comportements.

À l’arrivée de l’hiver, il y a ceux qui lâchent le guidon. Et puis il y a les «roule-toujours»… Rencontres.

Attablés à la terrasse d’un café, sous un pâle soleil d’octobre, leurs cinq bécanes alignées en rang d’oignons sur le trottoir, houblon aidant, ils se sont livrés sans difficulté. La pluie, le froid, la neige, le verglas, l’obscurité… tant d’aléas hivernaux qui font renoncer à piloter sa moto. Alors certains remisent au box, au garage, dans une grange, sous une bâche. Jean-Marc, habitant de Saint-Rimay, 36 ans, heureux propriétaire d’une Ducati Mostro de 900 cm3, préfère ne pas jouer les trompe-la-mort. « Pas envie de risquer ma vie à chaque tournant. Ça glisse, on ne voit rien, il fait froid, j’ai peur de la glissade, d’abîmer ma machine ou, pire, de finir à l’hôpital. Et puis, rouler trempé, les fesses serrées et les yeux plissés, où est le plaisir ? » C’est une tradition, au 1er novembre, il range les gants, les clés et reprend sa voiture pour aller travailler. Parisien dans une autre vie, il roulait toute l’année : « En ville, l’éclairage, le périphérique, les feux, la faible vitesse due à la densité d’automobilistes réduisent les risques. En campagne, c’est différent », poursuit le trentenaire. «Je suis papa de deux garçons, je m’oblige à être responsable. Selon moi, c’est juste de la prévention, du bon sens.» Au printemps, il retrouvera son bolide rouge avec la sensation de redécouvrir son engin, les sensations procurées, les jolies courbes, le vent et le soleil sur le visage. Pour Aurélie, 22 ans, c’est aussi «niet». « Je suis jeune permis, je me fais déjà des frayeurs sur route sèche, alors partir en cascade, non merci. Et je tiens à préserver ma moto, j’ai un crédit sur le dos… », explique la jeune blésoise.

«Les choses de la vie»

Et puis il y a les autres. Les casse-cou, les kamikazes, les intrépides, les téméraires, les audacieux, les vaillants, les braves… Pour Bastien, 24 ans, Montoirien de souche, pas question d’enlever les gants. « Côté pilotage, cela nécessite une certaine anticipation. Les cours que j’ai pris sur le circuit Carole m’ont permis d’appréhender au mieux les situations d’urgence. Il faut assurément maîtriser son freinage, gérer les courbes, adapter sa vitesse ».

Pour rien au monde, il n’abandonnerait sa BMW 1200, il la fait entièrement réviser à l’approche de l’hiver afin de minimiser le danger. Pneus, éclairage, freins, graissage, tout est vérifié chez un professionnel. « Pour le froid ou la pluie, j’ai l’équipement en conséquence. Combinaison, gants renforcés, dorsale de protection sous le blouson, aucune raison de se priver du bonheur de rouler parce qu’il fait 2C°. J’ai même acheté une coque de protection pour mes «gesticules», les ‘choses de la vie’ », conclut, hilare, le jeune «roule-toujours». Même argumentaire pour Medhi, quinquagénaire tout droit sorti du Joe Bar Team, avec son look des seventies, qui finit sa roulée et entame sa troisième bière, l’œil rivé sur sa Harley.

A chacun ses choix, même si la raison prime souvent sur la passion.

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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