Parigot, tête de veau, Gouzien, tête de chien !
Attaches familiales en Normandie, Parisien dans une autre vie, Olivier Gouzien est photographe professionnel. Il a posé ses boîtiers et ses objectifs à Vendôme voilà trois ans. Bénévole pour les Promenades photographiques, le Petit Vendômois lui a tiré le portrait.
Ses portraits d’hommes à la tête de chien cartonnent sur les réseaux sociaux. Ses photographies de Vendôme aussi. A tel point que votre mensuel préféré s’est emparé d’un de ses visuels sur Facebook en guise de photo de profil : le pont de la rue du Change, en nocturne, sous les illuminations de Noël. Où le rouge va se nicher sous les arches du pont, où les colombages des façades en tuffeau surplombent orgueilleusement le Loir, figé par les lumières de la ville et le ciel bleu Klein. De la belle ouvrage.
Originaire de Caen, en Normandie, Olivier Gouzien y fera sa scolarité. Secteur porteur à l’époque, il embrasse d’abord une carrière d’ingénieur développeur informatique. Après un méandre méditerranéen à Marseille, porté par une love story et un poste à pourvoir, il fait ses valises pour la capitale. Quinze années parisiennes où il voit son métier glisser sur la pente de la compétitivité et de la standardisation, lui ôtant toutes velléités de création : «C’était devenu du travail à la chaîne.»
Mais le Normand a des ressources, des envies de verdure, et surtout une passion ancrée depuis deux décennies : la photographie. Le hasard, aidé par Pierre Garance, un de ses anciens collègues posé à Vendôme, et voilà l’ex-ingénieur qui déboule dans la ville d’Art et d’Histoire, avec désormais une triple casquette. D’abord celle d’artisan-photographe, avec Denouvel Studio, livrant depuis quelques mois son talent de portraitiste au bonheur des futurs mariés. De sublimes portraits, souvent en couleurs, quelques fois en sépia, parfois en noir et blanc (1). A l’image de cette petite fille décoiffée, cheveux en bataille, les mains rentrées dans sa salopette en jean, et qui vous transperce du regard. Un travail au naturel, où le caractère non apprêté fait la force de l’image. Des instants volés, très peu posés, empreints d’humanité pour une proposition artistique qui tranche avec la solennité convenue sur ce type d’événements.
Et l’art, préfixe du vocable «artisan» –faut-il le rappeler–, l’amène en parallèle de ses activités professionnelles à nourrir son statut d’artiste indépendant. Collaborant avec l’Epos, le Clio, Figures libres ou les Rockomotives, membre également du collectif de photographes Photours, adhérent de Pôle Image 41 ou encore de l’association vendômoise Objectif 41 : pas de hasard s’il s’est mis au service depuis trois ans de l’événement photo incontournable du Vendômois. Bénévole au sein des Promenades photographiques (3), Olivier se plaît à assurer l’accueil sur les sites dédiés, de répondre aux interrogations des visiteurs, d’assister aux vernissages, d’y rencontrer des confrères. «Je dispose des clés de certaines salles, il m’arrive de m’y poser seul, en dehors des heures d’ouverture, pour admirer les œuvres. Un pur moment de bonheur…», confie le photographe, avouant au passage son admiration pour les Américains David LaChapelle ou Peter Hurley.
Défenseur de la cause animale
Troisième volume de compétence pour ce stakhanoviste de l’Olympus : le partage et la transmission. Avec Pierre Garance, Olivier Gouzien propose aux débutants des formations en ligne à prix doux (moins de 10 euros). Pierre est formateur de métier, Olivier photographe passionné, les deux ont naturellement monté un site spécialisé. Olivier y prodigue gratuitement ses conseils et rédige des articles à destination des photographes en devenir (2). Bousculant les poncifs : «La météo,la lumière ne sont pas des forcément des paramètres. La photo, c’est la liberté, on peut faire ce qu’on veut.»
Et quand on l’interroge sur ses énigmatiques portraits d’hommes à la tête de chien, le photographe n’en fait pas mystère. La protection et le bien-être animal sont au cœur de son message pour cette série qui a mis le feu au web. Conçue comme un appel à s’interroger sur un thème d’actualité, mais parfois controversé : «Quand cesserons-nous de manger des animaux ?» Le propre de l’art n’est-il pas de servir de nobles causes ?
(3) Du 23 juin au 3 septembre, www.promenadesphotographiques.com
Contact : 06 42 42 69 37 / www.oliviergouzien.fr