PATRICK LAMBERT, décorateur de cinéma
C’est à l’occasion du tournage de « Père et Maire » que Patrick a connu la ville de Vendôme. C’était en 99.
Il faisait partie de l’équipe technique puisqu’il est décorateur en cinéma, en tant qu’assistant chef-déco. Milieu très hiérarchisé dans lequel chacun a une place et une fonction très précises. Avec le metteur en scène, et parfois avec le directeur de production, les décorateurs participent aux différents repérages pour trouver le lieu de tournage idéal. Puis, il leur revient d’apprécier le travail à effectuer, lorsqu’un site a pu être retenu, afin que les prises de vue soient possibles. Parfois, il ne s’agit que de modifications moindres,«mais souvent il faut recréer les espaces de toute pièce».
Et en studio lorsqu’il est impossible de faire autrement. Et c’est là que l’expérience intervient. Méthode et efficacité vont de paire. Rapidité aussi, car la plupart du temps, tout est à faire pour très vite. Question d’habitude. Recréer un intérieur de maison, avec tout le confort, c’est un travail qui ne les effraie pas, tant il est habituel. Le matériel est approprié, les hommes sont expérimentés.
Le chef déco doit faire les devis avant de se lancer dans la réalisation. Il doit apprécier la faisabilité du projet, financièrement et dans le temps. Du coup, il n’est pas rare que l’équipe fasse appel à des dizaines d’artisans, le plus souvent des locaux, afin de pouvoir livrer le décor à la date fixée du tournage.
«Le storyboard nous aide, lorsqu’il existe, pour imaginer et élaborer un décor qu’il nous faut créer entièrement, parfois pour tourner seulement quelques plans» explique Patrick, passionné par son métier.
Et il faut trouver tous les accessoires qui vont dans le décor. Accessoires qui se doivent d’être d’époque correspondant à celle du scénario, bien entendu.
Intermittent du spectacle qui s’est fait sur le tas, il aurait aimé être ingénieur du son. Le hasard le mettra à 19 ans en contact avec un décorateur cinéma qui lui proposera une fonction-déco pour le film «L’été 36», d’Yves Robert. D’abord en tant que stagiaire, il a donc progressivement construit sa carrière dans la décoration, sur les plateaux Avec le souvenir amusé d’avoir participé, en tant que chauffeur de Claude Piéplu, dans la série télévisée Merci Bernard, émission d’humour réalisée par Jean-Michel Ribes.
«Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui, un tel parcours soit possible» s’interroge-t-il.
Ensuite c’était lancé, avec de nombreux films et séries : Palace, aux studios Boulogne, Une Nuit à l’Assemblée Nationale, de Jean-Pierre Mocky, pour lequel ils ont recréé presqu’entièrement l’institution en studio !
«C’est impressionnant au début, après on s’habitue. Et parfois, on repère dans les films que l’on regarde les détails qui nous indiquent l’authenticité d’un lieu» précise-t-il.
Toujours en activité pour des productions parisiennes, il vit à Vendôme, aidant par-ci par-là quelques jeunes passionnés de cinéma, participant à leur réalisation en leur apportant technique et méthodologie. Pour ça, il est souvent accompagné par son ami Thierry, décorateur cinéma lui aussi qui travaille également pour Luc Besson ou encore sur les décors des Bodin’s.
«Malgré tout, je suis un peu nostalgique des techniques d’antan, où tout se faisait à la main, sans informatique, comme les enseignes peintes à la main, ou les trompe-l’œil…» conclut-il, après avoir raconté l’aventure de la série réalisée sur Vendôme, jusqu’en 2004, (Père et Maire) pour laquelle, il se souvient, il avait fallu installer tout un système de fenêtres et de moulures, en polystyrène, sur la façade de la Mairie.