Le rond-point de Lowice et ses avatars
La route de Vendôme à Montoire, qu’on passe par les bords de Loir ou la déviation, traverse inévitablement le rond-point de la Pointe, rebaptisé il y aura bientôt dix ans «rond-point de Lowice» en hommage à la ville jumelle polonaise.
La municipalité avait un temps envisagé de décorer cet espace d’une sculpture monumentale de l’un ou l’autre des artistes locaux. Le projet n’a pu voir le jour et on s’était accoutumé à Montoire d’un rond-point garni seulement de végétaux. Or courant mai le rond-point de Lowice a abrité non pas un mais deux décors différents au grand étonnement des usagers. Deux groupes de musiciens s’y sont en effet succédé.
Le premier arrive mi-avril, composé d’un banjo, d’une contrebasse, d’une trompette et d’un bandonéon. Les silhouettes en métal de 1,80 m juchées sur leur socle font de loin penser aux moas de l’île de Pâques. Recouvertes d’un vernis «pigmentation naturelle» elles sont l’œuvre de l’artiste Giovanni Scarciello et lui ont été commandées pour annoncer le festival de jazz et musique cajun programmé fin mai. Le festival annulé, les silhouettes sont déboulonnées de leurs socles et récupérées mi-mai par leur auteur qui les emporte pour Banne où elles doivent être exposées aux Festival d’Art singulier qu’organise chaque année la petite commune ardéchoise.
Dès le lendemain, cinq autres musiciens y sont installés, outre un chef d’orchestre à son
pupitre. Les musiciens sont à peine visibles derrière leurs volumineux instruments : un piano à queue, une contrebasse et une lyre très… imaginative entre autres. Ces six compositions de plus de 2m de haut, et leur mise en place, sont l’œuvre commune du service espace verts, du service voirie et du service entretien de la ville de Montoire. L’instigateur du projet est Stéphane Stocki qui souhaitait que ces créations, mises au point pendant l’hiver dans les ateliers municipaux par Antony, Pascal, Yves et Quentin, annoncent aux Montoiriens le festival de jazz prévu et décorent le quartier Marescot où il devait avoir lieu. Faites de vieux bidons recoupés, de tuyaux de chauffage peints et assemblés et autres matériaux de récupération, les «œuvres» qui n’ont rien coûté à personne mais ont nécessité beaucoup d’énergie, d’humour et d’ingéniosité resteront en place tout l’été sur le rond-point. Elles annoncent et illustrent le prochain Festival des musiques et folklores du monde qui, lui, aura bien lieu.
Anne Braillon