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Un comité de soutien pour un handicapé sous le joug d’une expulsion

France 3 et la presse locale ont relayé l’information. Le Sous-Préfet et maintenant le président de la République ont reçu un courrier. Le dossier navigue, ou plutôt divague, d’institution en institution, avec l’espoir d’une issue favorable.

Une équation pourtant facile à résoudre. Lorsqu’il y a huit ans, Romuald Simier prend possession de son logement social, à Montoire, il est salarié, en bonne santé, dispose d’un revenu mensuel et son loyer est calculé en fonction de son salaire. Simple, basique. Mais la maladie, le handicap et deux cancers vont maculer le tableau. Il n’est plus en mesure de s’acquitter de son loyer. Reconnu handicapé à 80%, il perçoit une allocation de 920 euros pour un loyer de près de 500 euros. Compliqué. Il alerte son bailleur (qui adapte alors sa salle de bains) et propose une révision du loyer qui prenne en compte ses nouveaux revenus, voire un relogement dans un appartement adapté PMR, au loyer plus faible. Simple, basique. Oui mais non. « Depuis deux ans, je suis balloté d’une institution à l’autre (Conseil départemental, le bailleur TDHL, CIAS de Territoires Vendômois, SAVS, APF France Handicap…), chacune me réclamant de multiples documents », écrit le quadra dans un courrier au Sous-Préfet. Nous passerons ici sur le dédale de démarches et la kyrielle de réponses inappropriées qui viendront allumer l’écran noir de ses nuits blanches. Un écart comparable à la fiche de paie d’un Pouyanné et celle d’un salarié de Volabraye. Comble de l’absurde, on lui a même proposé une réunion à Vendôme. De Montoire à Vendôme, en fauteuil roulant ?

La République lui octroie un sursis

A 47 ans, avec son air de nounours, doux et paisible, il ne peut se résoudre à l’impensable. Et le couperet tombe. Le bailleur fait un effort par une remise de dettes, mais l’expulsion est prononcée. Ce sera le 10 octobre. Romuald Simier, dans une longue lettre que nous avons pu consulter, exerce un recours auprès du Sous-Préfet. Avec l’espoir de passer entre les balles, car la trêve hivernale suspend toute procédure du 1er novembre au 31 mars. Le jour-dit, des habitants, des voisins, des personnes touchées par sa situation le rejoignent au domicile. La journée mondiale du stress pour lui, l’ascenseur émotionnel. Mais point de visite d’huissier, de gendarmes, de coup de téléphone ni même de courrier. La République lui octroie un sursis. Il recevra une réponse du Sous-Préfet datée du 14 octobre, lequel émet l’hypothèse d’un placement en établissement spécialisé. Problème, Romuald vit avec ses deux petits chiens et deux perruches qui atténuent sa solitude et ils ne sont pas acceptés dans ce type d’établissement. Paradoxalement, le coût d’un tel placement serait largement supérieur aux solutions proposées. La machine à broyer est en marche et au printemps, à l’heure où resurgissent les mauvaises herbes, sans dénouement viable, son dossier remontera sur la pile.

Un courrier est envoyé à l’Elysée, avec l’espoir de débloquer la situation. A Montoire, un comité de soutien s’est constitué pour l’aider à gérer son dossier et l’appuyer dans ses démarches. Car, en avril, malgré le réchauffement climatique qui viendra soulager la misère des sans-abri, on n’imagine pas cet homme à la rue.

Jean-Michel Véry

Journaliste à Politis, à Europe 1, au Petit Vendomois, rédacteur "tourisme" à Néoplanète, pigiste au Figaro et à l'Optimun.

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