« Un millier de personnes pour les messes de Noël »
Noël commercial ou Nativité spirituelle ? L’abbé Benoît Lhomme Ducret livre un éclairage lucide, parfois amusé, mais résolument optimiste. Un temps d’échanges fructueux et une belle rencontre.
Avec une dimension commerciale de plus en plus marquée, n’avons nous pas perdu le volet spirituel de la Nativité ?
Certainement. Quand on se réfère au témoignage des anciens, on voit combien la fête de Noël a été plus religieuse et très peu commerciale il y a quelques décennies. Quand on avait une orange en cadeau, c’était formidable ! En soixante ans, les choses ont beaucoup changé. La dimension cadeau, et par le fait commerce, s’est beaucoup développée dans un temps où, en France, la pratique religieuse a beaucoup diminué. Le vrai sens de Noël s’est un peu perdu de vue. D’abord, je le constate, et, assurément, je le regrette bien sûr. Mais c’est un beau défi pour les chrétiens, les curés, les prêtres, les paroisses de faire redécouvrir le sens de Noël. Nous sommes dans une société de consommation et le développement de la dimension commerciale est global. Dans ce contexte particulier, nous avons à dévoiler le véritable sens de Noël.
Quand vous voyez, en miroir, s’installer des fêtes comme Halloween, qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est une bonne comparaison ! La promotion d’Halloween est massive et ne semble pas gêner la laïcité… car elle ne semble pas appartenir à une tradition religieuse. C’est un rapport tordu à la mort. C’est lié à la question des défunts sous un abord païen et non chrétien. C’est une américanisation, et comme la société est moins chrétienne, elle a un rapport à la mort qui est très ambigu. Elle spectacularise la mort, en même temps qu’elle en a très peur. Halloween est typique de cela, on va se déguiser en squelette, en fantôme. On se fait peur, mais avec une dimension de rassemblement, de partage, de festivité. L’introduction d’Halloween m’est apparue comme très artificielle, fondée sans doute sur des éléments commerciaux. Cela permet de ponctuer l’année d’un autre temps fort commercial, entre la rentrée des classes, avec ses dépenses incontournables, et les fêtes de Noël, c’est un moment pour nous faire consommer. Accessoirement, c’est au regard d’Halloween que la paroisse de Montoire, depuis longtemps, a lancé son pèlerinage de la Toussaint le 31 octobre au soir, d’églises en églises pour recentrer l’attention sur la fête de la Toussaint, une fête bien plus joyeuse et plus intéressante qu’Halloween.
Comment évoquer la Nativité auprès des enfants ?
Pour les enfants, mais aussi pour les plus grands, les personnages de la crèche sont un bon point de départ, puisque c’est une tradition encore très répandue, populaire, même dans des familles non-pratiquantes. Par ailleurs, dans le temps de Noël, beaucoup de familles, de parents, de grands-parents amènent les enfants dans les églises pour aller voir la crèche. Car c’est une scène touchante, une fois dans l’année, et il n’y a rien d’autre qui ressemble à cela. C’est très singulier. Ce petit enfant dans la paille est un bon chemin pour raconter très simplement l’histoire de Jésus. L’arrivée de Dieu dans ce monde, qui est quelque chose d’incroyable, s’est faite dans cette simplicité. Ce petit être dans la crèche, si fragile, auquel peuvent s’identifier les enfants, il ne parle pas encore mais il portera plus tard la parole de Dieu. Dieu qui se fait homme, Dieu qui se fait petit enfant, entre le bœuf et l’âne. Dieu, tout puissant et éternel, venu visiter la terre et qui en passe par cette simplicité : l’enfance. Un enfant qui ne sait pas parler alors que « le fils de Dieu est le Verbe », selon Saint-Jean.
Quelle fréquentation à Montoire pour la messe de Noël ?
C’est la messe la plus populaire de l’année, plus que la Toussaint ou les Rameaux, autres temps forts de la culture chrétienne. Ici, près de 600 personnes à la première messe*, et jusqu’à 800 ou mille personnes toutes messes confondues. On dit aussi des messes dans les villages et c’est une belle fréquentation pour notre petite paroisse. C’est la messe de l’année !
Quel est votre programme personnel pour le réveillon de Noël ?
Très modeste, puisque je célèbre les deux messes à Montoire. Mon programme, c’est surtout les messes ! Entretemps, un petit dîner de fête rapide, en général avec mon vicaire et peut être un membre de la famille. Mais ce n’est pas le moment où les prêtres sont le plus disponibles pour se détendre, c’est assez sommaire. Le lendemain, une messe à 10h30, beaucoup plus calme car les gens restent en famille, et un temps de repos.