«Vitrier ! Vitrier !»…
Le marchand ambulant, le dos chargé de panneaux de verre, passait en criant dans les rues pour avertir les ménagères des années 50 que c’était le moment de lui demander de remplacer le carreau cassé ! Les temps changent, nous sommes à l’ère des robots. Mais que se passe-t-il au juste quand on casse un carreau, quand on veut remplacer une vitre d’un insert de cheminée ? Réparer un toit de véranda ou faire une baie vitrée ?
Réparer un toit de véranda, faire une baie vitrée ? Si on habite en ville, on peut se rendre dans un magasin spécialisé et passer commande de la pièce et après se débrouiller pour ne pas la casser avant qu’elle soit posée. Ou bien demander à un artisan de s’en occuper.
Les centres-villes se désertifient et le service artisan vitrier se raréfie. Voilà l’analyse vite faite par William Letort qui vers les 45 ans se voit clairement ne plus appartenir à une entreprise. Coup classique de nos jours «On va vous remplacer par un petit jeune» changement de parcours, etc…
Tout va très vite pour William qui n’a aucune envie de se retrouver au chômage. Comme son métier d’origine rentrait dans la case «ajusteur» ce responsable de maintenance de production fait l’analyse de ce qui pourrait fonctionner sur Vendôme. La tentation de l’indépendance le gagne.
Si vous pensez qu’un vitrier ne pose que des fenêtres, détrompez-vous ! Aujourd’hui à l’actif on retrouve la construction, la décoration, la miroiterie, l’habitat, l’architecture, l’artisanat, l’aménagement intérieur… la liste n’est pas close. Aujourd’hui les hommes ont planché et mis au point des machines, des robots tip top qui soulèvent 400 kg là où auparavant il fallait huit hommes sans compter les tours de reins, et les risques de blessures.
Déterminé, William vend sa maison, déménage sa famille pour créer « Mon Vitrier-Serrurier ». Un garage à vendre fera l’affaire. On y voit encore la trappe à vidanges. Il restructure le tout, un petit bureau et deux ateliers côte à côte grands ouverts.
Les premières commandes s’exécutent sur une planche et deux tréteaux en attendant le super matériel : une table de découpe, où l’air passe sous une plaque de verre de 3,50 x 2 mètres, soulevant le verre comme une plume et ainsi permettant de la manipuler d’un doigt sans effort.
Après avoir investi dans les machines du XXI siècle, cet artisan entrevoit toutes les possibilités de réalisations à partir du verre. Au menu : simple vitrage avec son inséparable mastic, le double vitrage, du verre feuilleté, du sécurité, du trempé, du feuilleté trempé, en passant par le vitrage d’insert, vitro-céramique et les crédences. Alors là, phénomène de mode, hyper moderne, un aspect lisse de chez lisse, des couleurs innombrables, même celle que vous ne pouvez imaginer, vous pouvez l’avoir. Son nom précis «Le verre laqué». Il remplace le carrelage, le lambris. Il est hyper costaud. On le colle sur les murs d’une salle de bains, en marches d’escalier… Oui, cela se fait beaucoup, et là on arrive sans peine au secteur aménagement décoration. On peut se faire dessiner un bureau, aucune comparaison entre le vitrier des années 50 et celui d’aujourd’hui.
Celui-ci a vraiment bien conçu sa reconversion. Plutôt hyper souriant, entrepreneur certes, il va bientôt recevoir son nouveau camion totalement équipé pour aller sur le terrain, répondre aux demandes du secteur serrurerie. En attendant que tout se pratique, ouverture, fermeture de portes, avec le téléphone portable, on devra toujours sortir sa clef de sa poche !
MON VITRIER – SERRURIER
02 54 77 22 22 /06 09 14 36 53 – 41100 Saint-Ouen (Vendôme)
Photos : Marc Broussard